On n’est pas en finale ! Éliminées en quart de finale par les États-Unis, les Bleues ne disputeront pas la finale de la Coupe du monde de football qui se jouera à Lyon dimanche 07 juillet. Jusqu’à sa défaite, l’équipe de France féminine a suscité un engouement inédit dans le pays, qui accueillait la compétition pour la première fois de son histoire. Une grande avancée pour le féminisme ? Surtout, un nouveau marché juteux pour le foot business.
« La femme est l’avenir du football ». Prononcée en 1995 par Joseph Blatter, le président de la fédération internationale du ballon rond (Fifa), cette sentence éculée passerait presque aujourd’hui pour un oracle, tant le mondial qui s’achève a crevé les écrans… et rempli les tiroirs-caisses.
Le quart de finale de coupe du monde féminine France–États-Unis, vendredi dernier, a été suivi par 10,7 millions de téléspectateurs. Soit 51 % de part de marché et la meilleure audience de l’année 2019 pour la chaîne privée ! Euphorie à tous les étages de la tour TF1, diffuseur de la compétition. Grâce à des tarifs publicitaires relevés au fil de la compétition et des victoires des Bleues, la chaîne devrait empocher 13 millions d’euros. (...)
À la Française des jeux ou chez Unibet, on applaudit les records de mise pour des matchs de foot féminin. L’organisation patronale regroupant les vendeurs de maillots ne cache pas sa joie. « Le marché féminin, encore modeste, constitue un formidable relais de croissance pour l’industrie du sport », exulte le délégué général de l’Union sport et cycles, Virgile Caillet.
Président d’honneur de l’AS Villers-Houlgate Côte Fleurie, un club amateur normand, l’avocat Thierry Granturco fait lui aussi un signe égal entre ballon rond, femmes et rentabilité. (...)
Numéro un mondial du secteur, Nike compte sur le « segment de clientèle féminin » pour doper son chiffre d’affaires. (...)
Ultra rentable, le football professionnel est menacé par la stagnation globale des effectifs. À l’échelle mondiale, le nombre de pratiquants n’augmente plus côté garçons. Tandis que chez les filles, la marge de progression est énorme. « La Fifa a compris l’intérêt de puiser dans un vivier de consommateurs inexploité. Tout en faisant amende honorable après des années d’exclusion des femmes, elle cherche à développer de nouveaux marchés », analyse Carole Gomez, chercheuse à l’Institut de recherches internationales et stratégiques (Iris), co-auteure d’un rapport solide sur la féminisation du foot (...)
Preuve de sa volonté manifeste de promouvoir le foot féminin, la Fifa pense avant tout business, à l’instar du ballon rond masculin. (...)