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« La dette est un moyen de chantage pour imposer les politiques néolibérales »
Article mis en ligne le 17 février 2015

(...) Le gouvernement dirigé par Alexis Tsipras veut en priorité obtenir des autorités européennes la possibilité d’appliquer son programme anti-austérité. D’où ce choix de ne pas chercher d’affrontement direct sur la question de la dette. La proposition d’une conférence internationale pour réduire radicalement la dette a laissé place à celle de Yanis Varoufakis, qui pense possible de maintenir le stock de la dette à partir du moment où la Banque centrale européenne (BCE) transforme les titres grecs en titres perpétuels, dont on ne rembourse pas le capital, avec un taux d’intérêt indexé sur la croissance. Ceci dit, cette proposition, si elle était appliquée, entraînerait de fait une réduction radicale de la dette. C’est un choix tactique. Il est clair que le gouvernement Syriza avance cette proposition de compromis en pensant que la Grèce n’obtiendra pas de véritable concession sur le stock de la dette et qu’il vaut mieux, dès lors, ne pas porter le débat sur ce terrain, l’urgence étant de stopper les politiques d’austérité.

(...) En 2010, le « plan d’aide » a surtout permis, sur l’insistance de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel, d’assurer le sauvetage des banques des pays centraux et surtout des banques françaises et allemandes. Ces prêts étaient bien sûr conditionnés à un plan d’ajustement structurel impliquant des reculs très graves sur le niveau des salaires et des retraites, sur le droit de négociation collective, sur les privatisations. (...)

En 2012, par un habile tour de prestidigitation, on a présenté à l’opinion publique grecque et européenne un plan de restructuration qui devait, disait-on alors, alléger la dette de 50%. Mais cet allègement était lié à de nouveaux prêts conditionnés aux programmes de la troïka, prêts qui sont venus alourdir encore le fardeau de la dette. C’était une fausse annulation de dette, une supercherie qui a coûté cher à certaines structures publiques, aux banques grecques et aux caisses de retraites de la fonction publique ayant acheté des titres. Celles-ci ont été frappées de plein fouet par la décote imposée par cette restructuration. À mes yeux, cette dette est donc illégitime, car contractée en grande partie pour satisfaire les intérêts privés des banquiers étrangers ou de certains secteurs en Grèce. Le plan d’ajustement structurel imposé à la Grèce est odieux, car il a conduit à la violation des droits fondamentaux des citoyens grecs. On pourrait aussi démonter qu’il est illégal, dans la mesure où le programme de 2010 n’a pas respecté la Constitution grecque. Le Parlement n’a pas pu délibérer, il a été dessaisi par la procédure du vote bloqué. Les règles européennes elles aussi ont été bafouées, puisque l’article 125 du traité de Lisbonne interdit aux États membres de répondre des engagements d’un autre État membre. Si on a violé le traité, alors les prêts en question sont illégaux ! Quant au FMI, il a lui-même piétiné ses propres statuts, qui prévoient que cette institution financière ne peut accorder de prêt à un pays que si ce prêt rend soutenable le remboursement de la dette. Démonstration est faite que ce n’est pas le cas. (...)