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La crise de l’électricité laisse les femmes à Gaza dans l’ombre
Article mis en ligne le 22 mars 2012

Le blocus quasi total imposé à la Bande de Gaza en matière de transport de marchandises complique quotidiennement la vie des Gazaouis. La pénurie d’électricité presque permanente pousse les femmes au désespoir.

869 tonnes de gaz destinés à la consommation domestique ont été importés lors de la première semaine de février via le poste frontière de Kerem Shalom. Ceci couvre à peine 50 % des besoins hebdomadaires. Ces pénuries sont dénoncées par les organisations humanitaires depuis novembre 2009 .

 Fin janvier et début février pas d’essence ni de diesel à usage privé n’a pu être importé par les voies officielles. Les autorités israéliennes ont interdit début 2008 tout transport de combustible à usage privé. Le combustible vendu sur le marché noir est importé via les tunnels passant sous la frontière entre la Bande de Gaza et l’Égypte, mais ces volumes ont eux aussi fortement diminué suite aux actions des autorités égyptiennes entreprises pour de freiner le commerce via ces tunnels.

 Depuis janvier 2011 la centrale électrique de Gaza n’importe plus non plus de combustible via Israël. Ne pouvant plus s’approvisionner que via les tunnels, la centrale est à l’arrêt jusqu’à 18 heures par jour. (...)

Pour Naima Abu Shawareb, 40 ans, qui vit dans le camp de réfugiés Al Shaati, la crise de l’électricité s’ajoute aux nombreux problèmes auxquels elle doit déjà faire face. N’ayant pas les moyens d’acheter un générateur portatif, sa maison est éclairée à la bougie quand le courant est coupé et elle, son mari et leurs quatre enfants se serrent les uns contre les autres pour se réchauffer. « Dès la fin de l’après-midi, la maison est entièrement dans l’obscurité. Nous ne pouvons pas faire grand-chose excepté dormir », explique-t-elle. « C’est à peine si mes enfants peuvent lire et faire leurs devoirs. J’ai dû emprunter de l’argent pour acheter des lunettes pour une de mes filles dont la vue ne cesse de se détériorer. »

Naima raconte à Oxfam qu’elle a presque cessé de cuisiner pour économiser le peu de gaz qui lui reste, tandis que beaucoup d’autres cuisinent au feu de bois. « Nous mangeons principalement du pain. Je ne peux pas me permettre d’utiliser le gaz sans savoir quand mon réservoir sera à nouveau rempli. »

Même faire la lessive est devenu très difficile. C’est également devenu une source de conflit avec ses voisins.
(...)

Naila Ayesh, directrice du Women’s Affairs Center (WAC), partenaire d’Oxfam à Gaza, explique que Naima est loin d’être la seule dans ce cas. « La crise de l’électricité pèse de façon disproportionnée sur les femmes. La plupart sont censées avoir tout préparé pour le retour de leur mari. Quand il n’y a pas d’électricité, les femmes ne peuvent pas accomplir les tâches ménagères. Les enfants sont stressés, ont peur, et les femmes doivent les rassurer. Elles doivent se débrouiller pour limiter les dépenses du ménage afin de pouvoir acheter l’essence nécessaire pour le générateur. Tous ces facteurs exacerbent les tensions dans le ménage et exposent les femmes à un risque accru de violence domestique », explique Naila.

Bien que les femmes souffrent de façon disproportionnée de cette situation, Naila explique que des organisations comme le WAC peinent à mettre les problèmes des femmes à l’ordre du jour en temps de crise ou de catastrophe. Bien que leurs problèmes ne soient guère pris en considération, selon Naila, la condition des femmes à Gaza et la crise énergétique ont beaucoup de points communs. « Le blocus est à l’origine de la crise énergétique, mais il est également responsable des problèmes quotidiens rencontrés par les femmes à Gaza. La situation politique aggrave ces deux problèmes ; elle empêche les partis de collaborer pour mettre fin à la crise de l’électricité ou pour adopter une législation permettant d’améliorer le statut et les droits des femmes. Les organisations de femmes connaissent l’importance de la réconciliation politique et nous déployons d’énormes efforts pour mettre ce sujet sur la table. Nous voulons contribuer et prendre part au processus, mais pour l’instant le jeu se joue uniquement entre hommes. » (...)

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