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Euractiv
La contestation sociale a doublé en dix ans
Article mis en ligne le 15 juin 2020
dernière modification le 13 juin 2020

Difficultés économiques, brutalité policière, instabilité politique : l’indice mondial de la paix reflète une forte progression des manifestations. La pandémie de COVID-19 pourrait souffler sur les braises.

« La crise économique provoquée par la pandémie actuelle va encore aggraver la situation et nous nous attendons à une augmentation des manifestations, en particulier en Europe », indique Steve Killelea, le fondateur de l’Institut pour l’économie et la paix (IEP), qui publie chaque année l’indice mondial de la paix.

Au cours de la dernière décennie, les émeutes ont augmenté de 282 % niveau mondial, alors que les grèves générales ont progressé de 821 %. Durant l’année 2019, des manifestations violentes ont eu lieu dans 58 % des pays, selon l’indice mondial de la paix. Une évolution qui, selon les chercheurs, « reflète une tendance à long terme ».

C’est l’Europe qui a connu le plus grand nombre de manifestations, de troubles et de grèves, mais seuls 35 % de ces quelque 1 600 événements ont été qualifiés de violents, soit le pourcentage le plus faible au monde. (...)

« L’instabilité politique devrait croître en Europe, les émeutes et les grèves générales sont appelées à augmenter », relèvent les chercheurs. Selon eux, l’impact économique du confinement constitue une menace importante pour la paix. Des troubles politiques ont d’ailleurs déjà éclaté aux États-Unis, en Allemagne et en France.

« Il est probable que l’impact économique du COVID-19 amplifie les tensions en faisant grimper le chômage, en creusant les inégalités et en détériorant les conditions de travail. Cela se traduira par une aliénation des système politiques et une augmentation de l’agitation sociale. Nous nous trouvons donc à un moment critique », souligne Steve Killelea. (...)

Le rapport indique que l’Italie, la Grèce, la Lettonie et la Pologne figurent parmi les pays les moins bien armés pour surmonter l’épreuve du COVID-19, en raison des défis économiques qu’ils doivent relever et de leurs faibles performances en matière de « résilience sociale ». À l’inverse, la Norvège, l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont les mieux placées pour faire face à l’avenir.

Sollicité par Euractiv pour savoir si la réponse économique de l’UE à la crise sanitaire était suffisante pour atténuer les troubles sociaux à venir, Steve Killelea estime que c’est « assez improbable ».

Paix, militarisation et terrorisme

L’Islande demeure le pays le plus pacifique du monde, une position qu’il occupe depuis 2008, aux côtés de la Nouvelle-Zélande, de l’Autriche, du Portugal et du Danemark. L’Afghanistan reste quant à lui le pays le moins pacifique, suivi par la Syrie, l’Irak et le Sud-Soudan.

C’est en Russie et dans la région eurasiatique que la paix a fait le plus de progrès. L’amélioration la plus nette a été observée en Arménie, qui a avancé de 15 places dans le classement. (...)

« En raison de l’impact économique de la pandémie, nous nous attendons à ce que les problèmes de sécurité alimentaire dans les pays les plus fragiles ébranlent le système. Cela se traduira, dans certains endroits, par une augmentation de l’agitation sociale qui ira de pair avec des conflits », précise Steve Killelea. (...)

D’ici à 2050, le changement climatique devrait générer jusqu’à 143 millions de migrants dans le monde, en particulier en Afrique subsaharienne (86 millions), en Asie du Sud (40 millions) et en Amérique latine (17 millions).