
En novembre 2016, pour la première fois en Europe, la Slovénie faisait entrer l’accès à l’eau potable dans le droit constitutionnel. Retour sur cet amendement majeur qui a définitivement changé le statut de l’eau, passant de la simple marchandise au bien public garanti.
Un droit à l’eau encore minoritaire
Si la grande majorité des pays ont décidé de privatiser l’eau, il semble que la Slovénie ait souhaité nager à contre-courant en votant à l’unanimité en novembre 2016 un texte garantissant que l’Etat devrait fournir un accès total à l’eau potable à tous ses habitants. Elle a rejoint alors la maigre liste des 15 pays (exclusivement d’Amérique latine ou d’Afrique) ayant déjà fait de l’eau un bien public, tel que le Burkina Faso, la Tunisie, l’Afrique du Sud, la RDC, l’Uruguay, le Venezuela etc. Ainsi, la Slovénie montre l’exemple et ouvre la voie aux autres pays européens, qui jusqu’à aujourd’hui persistent dans un modèle libéral de l’accès à l’eau.
Une ressource objet des convoitises
A l’origine le projet est né d’une initiative citoyenne qui a reçu 51 000 signatures et qui a été porté par le gouvernement de centre-gauche. (...)
« L’eau, un droit humain »
Plus qu’un moyen de prévenir les éventuelles dérives du libre-échange, une telle loi permet évidemment de suffire aux besoins de tous. Une initiative européenne avait d’ailleurs lancé en 2012 « L’eau, un droit humain », qui avait récolté 2 millions de signatures. Effectivement, après la crise, des personnes se sont retrouvées sans accès à l’eau potable, ni à l’assainissement, faute de pouvoir payer leurs factures. Avec cet amendement, les Slovènes retrouvent le droit fondamental d’avoir accès à cette ressource nécessaire à notre survie, l’eau potable.
A compter de novembre 2016, la Slovénie dispose de dix-huit mois pour s’adapter à la nouvelle législation, même si la fourniture et la consommation d’eau potable sont déjà garanties en Slovénie. Reste désormais à ce que l’initiative slovène ait une résonnance en Europe, qui pour l’instant ne reconnaît (juridiquement du moins) l’eau que comme un produit au statut particulier, et non pas comme un droit fondamental.