
M.A.J. lundi 2 octobre, de la part de l’équipe qui s’occupe de l’accueil des jeunes réfugiés mineurs non accompagnés, rue du Mirail : : aujourd’hui lundi à 15h au tribunal administratif 9 rue Tastet à BORDEAUX, les squateurs de la ruche défendus par Me Foucard
Ouvert depuis un mois, le squat de la rue du Mirail évite à des ados en exils de dormir dans la rue. Cette mise à l’abri essentielle pallie au manque d’hébergement mais est suspendue à une procédure judiciaire en cours.
Un compteur Linky tout neuf vient d’être posé. L’électricité arrive désormais dans ce bâtiment de la rue du Mirail abandonné depuis au moins 2010. Cinq étudiants ont ouvert les portes d’un bâtiment attenant à leur ancien lycée, Montaigne. La réquisition citoyenne est en cours depuis fin août et permet d’accueillir des mineurs isolés. Bien à propos, Sébastien Henry, 20 ans qui étudie la philo, fait dans le sophisme :
« C’est simple. Il y a des mineurs isolés qui dorment dans la rue. On a un bâtiment public inutilisé. Il fallait donc le réquisitionner. »
CQFD. Huit jeunes vivent déjà dans ces lieux en même temps que les cinq étudiants. Ils pourraient être une quinzaine d’exilés une fois les travaux terminés. « Une mise à l’abri » essentielle et complétée par un nettoyage et une sécurisation du lieu, explique Sébastien. (...)
en plus de payer l’électricité, les occupants pourront rapidement passer un contrat pour payer l’eau. Le temps presse car une procédure judiciaire est en cours depuis le dépôt de plainte du conseil régional, propriétaire du bâtiment.
« La région nous oppose trois arguments, indique Sébastien : qu’un accès pompiers serait bloqué, que les enseignements du lycée seraient perturbés, et qu’un projet – installer l’institut des Afriques dans les locaux – serait en cours. C’est incroyable de se dire d’ailleurs qu’on expulserait des mineurs africains pour installer un institut des Afriques. Mais je crois que ces arguments ne préoccupent pas la juge qui s’intéresse surtout à la salubrité du bâtiment. »
D’ailleurs, Jean-Baptiste Fauroux, directeur général des services de la Région rejoint cette position :
« La demande d’expulsion est une procédure systématique lorsque nous ne connaissons pas la situation précise du squat. On est aujourd’hui conscient de la situation particulière de ces réfugiés ayant traversé la Méditerranée. » (...)
Sébastien reste convaincu du bien-fondé de son action et de leur engagement commun :
« Quand les services publics ne font pas leur boulot, nous on ne manifeste pas devant la préfecture, on agit nous-mêmes. Nous ne sommes pas non plus un palliatif au 115. On propose autre chose qu’un centre d’accueil qu’il faut évacuer chaque matin. »
Car les mineurs exilés de leur pays d’origine ne sont pas tous accueillis selon les règles de la loi. Leurs cas et dossiers se trouvent entre les mains du Service d’accueil et d’évaluation des mineurs non accompagnés (Saemna) qui doit les aiguiller vers un hébergement.
Or cela n’est pas le cas par manque de place, et les conséquences peuvent être dramatiques. Le service est donc « hors-la-loi » pour Aude Saldana-Cazenave de Médecins du Monde qui, avec l’Asti et la Cimade, soutiennent le squat :
« On ne dit pas que rien ne se passe mais on conclut que ce n’est pas au niveau de la demande. » (...)
« Dans 80% des cas la personne est dite majeure mais quand il y a des recours 80% d’entre eux sont finalement déclarés mineurs par le juge. »
Aude Saldana-Cazenave affirme que 900 mineurs devraient passés par le Saemna de Gironde d’ici la fin de l’année soit le double de l’année 2016. Le directeur général des services promet d’apporter sa pierre à l’édifice de solidarité :
« Notre procédure de droit commun doit être tempérée par la situation individuelle dramatique. On voudrait contribuer à une solution positive. »