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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
La Pologne confrontée à un important afflux de demandeurs d’asile ukrainiens
Article mis en ligne le 1er avril 2015
dernière modification le 27 mars 2015

Depuis le début du conflit qui sévit dans l’est de l’Ukraine entre les séparatistes soutenus par la Russie et les forces du gouvernement ukrainien, il y a près d’un an, la Pologne voisine a accueilli moins de 3 000 Ukrainiens sur les 674 000 qui ont fui le pays.

Or, jusqu’à présent, le Bureau polonais pour les étrangers, qui traite les demandes d’asile, n’a accordé le statut de réfugié à aucun des 2 765 Ukrainiens ayant déposé une demande en 2014 et dans les deux premiers mois de 2015. Jusqu’à 1 700 demandeurs d’asile ukrainiens attendent toujours une décision en ce qui concerne leur statut de réfugié et 645 ont déjà essuyé un refus.

(...) selon le HCR, les quelque 1,1 million d’Ukrainiens de l’est ayant été déplacés à l’intérieur du pays en raison du conflit peinent à obtenir de l’aide de la part des autorités ukrainiennes et rapportent faire l’objet de discriminations lorsqu’ils tentent de trouver du travail dans d’autres régions du pays.

M. Kostrzynski a dit que les Ukrainiens avec qui il s’était entretenu en Pologne étaient nombreux à rapporter que la bonne volonté [des habitants] de l’ouest de l’Ukraine avait des limites. « Avec l’escalade du conflit, la polarisation de la société ukrainienne s’aggrave », a-t-il dit à IRIN.

« Ceux qui arrivent de l’Est se font dire qu’ils devraient retourner là-bas et vivre la guerre qu’ils ont commencée. L’Ukraine souffre en outre de difficultés économiques et le gouvernement a de la difficulté à fournir de l’aide humanitaire, à procéder à l’enregistrement des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) et à faciliter leur accès à différents types d’avantages sociaux. »

L’accord de cessez-le-feu signé à Minsk à la mi-février n’a pas permis de faire cesser le conflit. (...)

Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) polonaises, y compris la Fondation Helsinki pour les droits de l’homme (FHDH), ont critiqué les autorités polonaises pour avoir offert des niveaux d’aide différents aux réfugiés ukrainiens selon qu’ils avaient ou non des ancêtres polonais.

À la mi-janvier 2015, le gouvernement a organisé une mission de sauvetage humanitaire ponctuelle pour venir en aide à 179 Ukrainiens d’origine polonaise vivant dans les régions de Donetsk et de Louhansk. Les évacués ont été amenés dans deux établissements situés dans le nord-est de la Pologne où ils pourront rester jusqu’à six mois. Ils y ont accès à des cours de langue, à des écoles pour leurs enfants et à une aide pour trouver un emploi et un logement. Ils peuvent par ailleurs demander la résidence permanente au lieu du statut de réfugié.

Quant aux Ukrainiens qui n’ont pas de parents en Pologne, ils ont même de la difficulté à légaliser leur séjour dans le pays. (...)

Parmi ceux qui essuient un refus, certains font appel de la décision, d’autres retournent en Ukraine et d’autres encore mettent le cap sur l’Europe occidentale, a dit M. Kostrzynski. Puisqu’ils ont déposé une demande en Pologne, toutefois, ils courent le risque d’y être renvoyés. Le règlement de Dublin de l’Union européenne exige en effet que les demandes d’asile soient traitées dans le pays où elles ont initialement été soumises.

On ne sait pas grand-chose au sujet de ceux qui décident de retourner dans l’est de l’Ukraine. « En règle générale, ces personnes disparaissent simplement du radar », a dit M. Kostrzynski. (...)