
La LDH (Ligue des droits de l’Homme) tient à rendre hommage à Monseigneur Jacques Gaillot qui vient de disparaître et qui a accompagné assidument, pendant des décennies, les luttes des mal-logés, des travailleurs immigrés, des sans-papiers, et qui, ancien appelé dans la guerre d’Algérie, s’est montré solidaire des Algériens et des autres peuples du Maghreb dans leurs aspirations à la démocratie et à la liberté.
Comme l’a écrit Aragon : « Celui qui croyait au ciel/ Celui qui n’y croyait pas/ Quand les blés sont sous la grêle/ Fou qui fait le délicat/ Fou qui songe à ses querelles/ Au cœur du commun combat ».
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– (Le Monde)
Jacques Gaillot, ancien évêque et figure contestataire de l’épiscopat, est mort
Evêque d’Evreux, il avait été démis de ses fonctions par le Vatican en 1995 à la suite de prises de position répétées jugées hostiles par l’Eglise de France. Il est mort le 12 avril, à l’âge de 87 ans. (...)
Avant sa disparition, le 29 mars 2020, notre ancien chroniqueur religieux Henri Tincq avait laissé ce portrait biographique de Jacques Gaillot : (...)
Jusqu’au bout, il aura mené son combat pour les mal-logés, les sans-papiers, les réfugiés et de profondes réformes dans l’Eglise. Jamais évêque français n’incarna aussi bien ce rôle de « signe de contradiction » exigé du chrétien. Dans les années 1980 et 1990, l’histoire de l’Eglise en France se résume même à la polarisation autour du nom de cet évêque non conformiste, iconoclaste et provocateur, enthousiasmant ou irritant, un marginal dans l’épiscopat, prenant la défense des marginaux de la société. (...)
Les polémiques qu’il a déclenchées et sa révocation tournent autour du rôle de l’évêque : est-il tenu, d’abord, par la discipline de l’Eglise à laquelle il appartient ou, comme le veut l’exemple du Christ, doit-il donner la priorité aux exclus et aux pauvres ?
Pour Jacques Gaillot, la réponse ne fait aucun doute. Il se veut « l’évêque des autres », le titre de l’un de ses livres : la tâche de l’évêque est moins de s’occuper des 1 % ou 2 % de fidèles qui vont à la messe que de ceux qui ne mettent jamais les pieds à l’église. Il ne méritait pas d’être « sanctifié », mais rien ne pouvait justifier les campagnes de haine et de délation menées contre lui jusqu’à Rome par les cohortes conservatrices de l’Eglise. (...)
L’« affaire Gaillot » commence à sa nomination en 1982 comme évêque d’Evreux. Dès l’année suivante, en assemblée des évêques à Lourdes, il vote contre la déclaration Gagner la paix, qui, en pleine polémique sur les euromissiles, se veut un soutien conditionnel à la force française de dissuasion nucléaire. Malgré le secret du vote, il proclame dans tous les médias son hostilité à ce texte. C’est le premier dérapage.
En 1984, alors que la gauche au pouvoir menace l’école libre (majoritairement catholique), il se désolidarise à nouveau de l’épiscopat et exprime sa sympathie à l’école… laïque. En 1988, il se prononce pour l’ordination sacerdotale des hommes mariés et pour la réintégration des prêtres mariés. L’année suivante, il publie dans le magazine de charme Lui un article dans lequel il dit réserver les préservatifs aux… canons. Dans Gai Pied, il prend position en faveur de l’extension des droits des homosexuels. (...)
– (Wikipedia)
Jacques Gaillot
(...) La décision de la révocation de Jacques Gaillot choque en France et ravive les divisions entre catholiques « traditionalistes » ou « progressistes »13.
Jacques Gaillot a ensuite utilisé sa prélature pour communiquer en faveur de ses orientations, créant notamment le site internet Partenia.
Lors de la parution de son livre Dernière tentation du diable en 1998, il est accusé de plagiat, notamment d’avoir quasiment recopié « près de cinquante pages » de l’ouvrage Le Retour du diable de l’essayiste Paul Ariès15. En réponse, il se dit « piégé » et tente de se justifier en rejetant la faute sur le « documentaliste » ayant rédigé l’ouvrage. Il affirme que « l’important, pour moi, ce n’était pas la rédaction mais le fait d’assumer des idées qui reflètent mon point de vue »16.
En 2010, il cesse d’écrire pour le site Partenia, qu’il avait ouvert avec un réseau de contributeurs du monde entier17.
À partir de 2013, il publie régulièrement des tribunes dans le Huffington post dans lesquelles il se déclare notamment pour le droit à l’euthanasie18 et pour le mariage homosexuel19. (...)