
Extrait de l’indispensable J’y suis j’y vote, publié il y a maintenant douze ans aux Editions L’Esprit frappeur, le texte qui suit revient sur l’histoire des luttes sociales et politiques menées par les résidents étrangers, au cours du vingtième siècle, pour s’arracher à la situation de non-droit dans laquelle la République les avaient relégués. Il nous a paru utile de le republier aujourd’hui, alors que le combat reprend pour que soit enfin tenue une promesse électorale périodiquement enterrée par la gauche française : le droit de vote des étrangers.
Depuis les années 80 nous nous trouvons dans une situation absurde :
“ Pour la première fois dans notre histoire électorale, les citoyens de l’Union européenne résidant en France pourront en effet participer aux élections municipales en mars 2001. Et si la Constitution n’est pas révisée d’ici là, une injustice flagrante va être consacrée : un Britannique, un Allemand ou un Espagnol même installé récemment chez nous, voteront et c’est tant mieux ; mais un Marocain, un Malien ou un Canadien résidant chez nous depuis dix ou vingt an n’auront toujours pas le droit de vote. Ces étrangers sans carte électorale paient pourtant des impôts, contribuent, cotisent, participent à la richesse de leur commune. Peut être même ont-ils des enfants français. Qu’importe, en tant qu’étrangers, ils peuvent voter aux élections prud’homales, dans les entreprises, les conseils d’administration des caisses de sécurité sociale, dans les HLM et dans les écoles...mais pas question pour eux d’élire leur maire, celui qui a un œil sur les HLM, qui gère les crèches et les écoles, qui décide, pour eux, des équipements culturels et sportifs de la commune ”.
Deux verrous restent ainsi à faire sauter : le droit d’être éligible aux prud’hommes et les droits politiques. La situation est d’autant plus scandaleuse que dans de nombreux autres pays européens l’égalité politique est plus conséquente. (...)