
C’est la seule véritable annonce de la conférence de presse de François Hollande et elle est de taille : la France reconnait la coalition nationale de l’opposition syrienne formée dimanche à Doha comme le « seul représentant » du peuple syrien.
« J’annonce que la France reconnaît la Coalition nationale syrienne comme la seule représentante du peuple syrien et donc comme le futur gouvernement provisoire de la Syrie démocratique permettant d’en terminer avec le régime de Bachar al-Assad »
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En conséquence, la France, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, estime que désormais, toutes les populations placées sous l’autorité de ce pouvoir jugé légitime « devront être protégées ». François Hollande n’a pas dit comment, excluant toujours une intervention militaire internationale, mais le sujet sera posé au niveau des Nations Unies (...)
Cette prise de position française devrait être suivie de celle d’autres pays occidentaux, et sans doute de celle des Etats-Unis qui se sont déjà félicités de l’accord de Doha. La déclaration de François Hollande a été ausitôt relevée à l’étranger, notamment par les médias anglo-saxons
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Le président a spécifiquement mentionné la « protection internationale des populations » placées sous l’autorité d’un gouvernement légitime. Cela pose plusieurs questions encore sans réponse : cela passera-t-il par l’ONU ? La Russie et la Chine, qui ont jusqu’ici mis leur véto à toute action, laisseront-elles faire ? Et faire quoi ? Une zone d’exclusion aérienne ? Avec quels moyens aériens ?
En réponse à une question sur la fourniture d’armes à l’opposition syrienne, François Hollande a déclaré qu’il n’avait pas été favorable tant qu’il n’y avait pas de garanties que ces armes arriveraient dans les mains auxquelles elles étaient destinées... Mais que la situation changeait à partir du moment où il y avait un gouvernement légitime, opérationnel sur le terrain : la question « va être nécessairement reposée », a-t-il dit mardi. Les Occidentaux vont-ils donc fournir à cette opposition les armes qui lui permettraient de modifier le rapport de force sur le terrain ? Au Caire, Ahmad Moaz al-Khatib, le nouveau chef de l’oppposition, a d’ores et déjà demandé à la communauté internationale des « armes appropriées ».
Ce développement relance en tout cas la diplomatie autour de la question syrienne, qui semblait bien en panne alors que
– les massacres continuent sur le terrain,
– le nombre de réfugiés dans les pays voisins ne cesse de croître,
– le risque de destabilisation régionale s’accroit avec le récent attentat de Beyrouth, où se trouvait il y a quelques jours François Hollande. (...)