En France, le développement de la filière agricole biologique pourrait être sur de bons rails, assurent les auteurs de cette tribune. Mais nombre de députés candidats de la majorité présidentielle ont voté contre les avancées. Et le ministre de l’Agriculture évoque déjà des « divergences de vue » avec Nicolas Hulot.
Le commerce équitable nous interpelle sur nos choix alimentaires en matière de préservation de notre environnement, de juste rémunération des agriculteurs, quant à la place prise par les intermédiaires dans notre consommation et au prix des denrées pour une alimentation saine. Or, la loi Hamon de 2014 a ouvert l’appellation « commerce équitable » aux producteurs des pays du Nord : une manière de promouvoir la transition écologique, responsable, locale et biologique, pour l’agriculture française.
Promouvoir un commerce équitable sur nos territoires : voilà une initiative profondément écologique et solidaire, car elle permet non seulement d’améliorer la rémunération des agriculteurs français aujourd’hui criblés de dettes, mais aussi de rendre accessible à toutes et tous une alimentation plus saine. Les plus précaires, notamment dans les zones urbaines, sont les plus sujets aux maladies chroniques comme l’obésité, ou aux perturbateurs endocriniens : non nous ne sommes pas égaux devant l’alimentation. Oui, une politique écologique de l’alimentation est fondamentalement égalitaire.
Cette mutation de notre agriculture préserve également nos terres. Mieux : elle les fait fructifier (...)
Les Français-es sont prêt-es à adopter ce nouveau mode de consommation
Durant la mandature écoulée, deux lois ont posé des jalons importants pour le développement de la filière agricole biologique et sur lesquelles les parlementaires écologistes au Parlement ont été très actifs.
– La première, la loi d’avenir pour l’Agriculture, l’alimentation et la forêt d’octobre 2014, a notamment permis de définir juridiquement l’agroécologie, tout en favorisant le développement des nouvelles filières. Cette loi a également permis d’interdire certains pesticides, et d’encadrer l’utilisation des antibiotiques animaliers. Enfin, elle a facilité l’échange et l’utilisation des semences paysannes, tout en inscrivant dans le droit pour la première fois le principe de souveraineté alimentaire.
– La seconde loi importante de la législature écoulée est la loi dite Biodiversité, adoptée en juillet 2016 après plus de deux ans de navette parlementaire. Cette loi interdit à l’horizon 2018 les néonicotinoïdes (ces pesticides tueurs d’abeilles) tout en encourageant à la préservation de notre environnement.
Les Français-es sont prêt-es à adopter ce nouveau mode de consommation : à l’occasion des premières Rencontres de l’alimentation durable, en novembre 2016, une enquête dévoilait que 75 % des personnes interrogées se disaient prêtes à consommer autant que possible des aliments produits à proximité, que 70 % souhaitaient consommer essentiellement des produits de saison et 61 % visaient à faire principalement leurs courses dans des magasins dont ils considèrent qu’ils proposent des produits durables (artisans, marchés, Amap).
Notre pays doit confirmer son rôle de pionnier (...)
Le gouvernement promet des Assises de l’alimentation à l’automne. Mais les député-es qui se présentent sous l’étiquette « majorité présidentielle », après avoir rejeté les propositions de loi écologistes visant à instaurer, dans la restauration collective, 40 % de produits locaux et 20 % de produits bios, et celle dite « detox » visant à lutter contre la prolifération des perturbateurs endocriniens, seront-ils prêts à prendre ce tournant ? (...)