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La CNIL inflige une amende de 40 millions d’euros à Criteo
#CNIL #Criteo #traçage #publicite
Article mis en ligne le 1er août 2023
dernière modification le 31 juillet 2023

Après un an d’attente, la CNIL prononce enfin sa décision finale sur le dossier de violations du RGPD par Criteo. Si le montant de l’amende infligée, 40 millions d’euros, peut paraître une somme importante, elle n’en est pas moins réduite d’un tiers par rapport à ce qu’avait proposé le rapporteur de l’autorité l’année dernière. Sur le fond, cette décision pointe notamment le fait que l’entreprise est responsable du bon respect du RGPD par ses sous-traitants.

(...) L’association plaignante, Privacy International, estime cependant, dans un communiqué de presse transmis à Next INpact, que la CNIL « a heureusement maintenu une amende considérable, proche du maximum établi par le RGPD ». (...)

La formation restreinte de la CNIL, dans sa décision prise le 15 juin et publiée ce jour au Journal officiel, suit le rapporteur sur les constats d’infraction au RGPD et évoque cette première proposition d’amende, mais ne donne pas d’explication claire à propos de la différence entre celle-ci et le montant finalement décidé.

L’affaire remonte à novembre 2018, quand l’organisation britannique Privacy International a attaqué sept sociétés dont Criteo, le spécialiste français du reciblage publicitaire, suivi un mois après par l’association None of Your Business (noyb) de Max Schrems.

Non-conformité avec le RGPD et formalisme abusif pour s’opposer au traitement des données (...)

Dans sa décision, la CNIL explique avoir mené son enquête pendant 2 ans entre 2019 et 2020, échangeant des courriers avec Criteo puis chargeant une délégation pour effectuer des contrôles aussi bien par l’envoi d’un questionnaire que par un contrôle sur place, dans les locaux de la société « au cours duquel elle a notamment procédé à des vérifications sur le site web de deux partenaires de la société ».

Cette délégation a mené un contrôle en ligne de plusieurs des principaux sites à partir desquels Criteo collecte le plus de données « pour vérifier notamment les modalités du dépôt du cookie Criteo dans le terminal des utilisateurs et le dispositif mis en œuvre pour recueillir leur consentement ».

Six articles du RGPD violés (...)

Depuis lors, la CNIL considère que Criteo s’est mise en conformité sur ce sujet, tout en soulignant que celle-ci est « intervenue tardivement » et qu’elle a bien traité des données à caractère personnel « sans être en mesure de démontrer [que les internautes concernés] ont valablement consenti au traitement ayant pour finalité l’affichage d’une publicité personnalisée ».

Cette remarque de la CNIL met en lumière que les entreprises qui traitent des données à caractère personnel doivent pouvoir apporter la preuve, a posteriori, du consentement des internautes, et ce même si le cookie a été déposé par un sous-traitant.

Manques d’information et termes « vagues et larges » (...)

Pas de suppression du traçage lors du retrait du consentement (...)

Les deux associations plaignantes se félicitent de cette décision. « Nous sommes très heureux de la décision de la CNIL. C’est un signal fort envoyé à l’industrie de l’ad-tech, qui devra faire face à des conséquences désastreuses si elle enfreint la loi », exulte Romain Robert, avocat spécialiste de la protection des données chez noyb dans un communiqué.

Privacy International estime, dans son communiqué, que cette sanction « met en cause le système de surveillance généralisée dont les sociétés de l’AdTech profitent, et leur manque total de considération pour le droit des personnes de décider du sort de leurs données personnelles ».

Criteo n’a, pour l’instant, pas communiqué sur cette sanction.

La CNIL rappelle, comme toujours, que Criteo peut faire un recours devant le Conseil d’État dans un délai de deux mois.