Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
CADTM
La Banque mondiale et le FMI en Indonésie : une intervention emblématique
Article mis en ligne le 6 novembre 2014
dernière modification le 3 novembre 2014

La politique de la Banque mondiale et du FMI à l’égard de l’Indonésie est emblématique à plusieurs égards. Elle combine l’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays, le soutien à un régime dictatorial responsable de crimes contre l’humanité, l’appui à un régime responsable d’une agression contre un pays voisin (annexion de Timor oriental en 1975) et le développement de méga-projets qui implique à la fois des transferts massifs de population, une déprédation des ressources naturelles au profit des transnationales et des agressions contre les populations natives.

En 1997, l’Indonésie subit de plein fouet la crise du Sud-Est asiatique au cours de laquelle les remèdes de la Banque mondiale et du FMI aggravent la crise économique et provoquent des désastres sociaux. Lors du drame du tsunami, la Banque et le FMI ne révèlent pas un autre visage. Les créanciers maintiennent la pression pour le remboursement des dettes indonésiennes et imposent une dose supplémentaire d’ajustement néolibéral.

En 1947, la Banque mondiale octroie un prêt de 195 millions de dollars aux Pays-Bas. C’est le deuxième prêt de l’histoire de la Banque. Deux semaines avant l’approbation de ce prêt, les Pays-Bas ont lancé l’offensive contre les nationalistes indonésiens qui exigent l’indépendance. Au cours des deux années qui suivent, les troupes hollandaises d’occupation s’élèvent à 145 000 hommes : il s’agit donc d’une action d’envergure difficile à cacher. (...)

Quand Robert McNamara arrive à la présidence de la Banque en avril 1968, il constate que l’Indonésie (avec la Chine de Mao) est le seul pays très peuplé avec lequel la Banque n’a pas de relation importante. Il faut rattraper le retard et son premier déplacement en tant que président de la Banque mondiale est pour l’Indonésie, dès juin 1968. Il n’y est pas dépaysé : le dictateur Suharto s’est entouré d’économistes formés aux États-Unis grâce à la Fondation Ford |5|.

Les relations entre eux sont idylliques : « McNamara et le président Suharto se portaient une admiration réciproque. |6| » ; « Lorsqu’ils s’engageaient au quotidien dans des discussions politiques, la Banque et le gouvernement se comportaient comme un couple de vieux copains. |7| » ;. « Aux yeux du président, l’Indonésie était le joyau de la couronne des opérations de la Banque |8| ».

En outre, les historiens de la Banque admettent que : “Le président Suharto (qui était entré en poste en 1967), était un général et son gouvernement était en bonne partie un gouvernement de généraux dont la plupart étaient corrompus. |9|”

L’Indonésie a regagné officiellement les rangs du FMI en février 1967 et la récompense ne se fait pas attendre : les pays occidentaux accordent immédiatement une aide de 174 millions de dollars afin de résorber la crise indonésienne. Par la suite, au début des années 1970, les bonnes relations entre l’Indonésie, les États-Unis et les institutions financières se manifesteront par une forte réduction de la dette.

éduction de la dette, mais aussi coupable complaisance face à la corruption. Dès que la Banque mondiale revient en force en Indonésie pour soutenir la dictature militaire, ses représentants prennent conscience de l’ampleur de la corruption. Mais Robert McNamara et l’énorme staff de la Banque qui s’installe de manière permanente à Djakarta |14| décident de ne pas en faire une raison de rupture. Ils sont donc clairement complices. (...)

Après le drame provoqué par le tsunami qui a entraîné la mort de 150 000 personnes dans la province indonésienne de Aceh, la Banque mondiale et les gouvernements des pays créanciers avaient affirmé qu’ils feraient preuve de générosité. La réalité est bien différente : l’aide très médiatisée au début a été fournie de manière chaotique et de façon éphémère. Alors qu’on feint d’offrir des moyens financiers pour la reconstruction, les créanciers regroupés dans le Club de Paris (qui dirigent par ailleurs la Banque mondiale et le FMI) ont décidé de prélever des intérêts de retard sur la partie du service de la dette qui n’est pas versée en 2005 |32|. Le moratoire accordé par le Club de Paris n’est donc qu’un simulacre de générosité, puisque les États qui l’acceptent feront payer leurs populations jusqu’au dernier centime. (...)