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Axel Kahn
LA CHRONIQUE APAISÉE DE LA FIN D’UN ITINÉRAIRE DE VIE
3 juin 2021
Article mis en ligne le 6 juillet 2021

À l’occasion d’algies cervico-brachiales ressenties dès avril 2020, compliquées en juillet de déficits sensitif et moteur du bras gauche, une IRM pratiquée le 3 aout découvre des métastases cervicales et dorsales étagées, puis un scanner corps entier note que la majorité des os sont atteints, de même que les poumons et diverses masses ganglionnaires. Cependant, malgré sa diffusion, cette prolifération est remarquablement sensible à l’hormonothérapie qui fait disparaitre les douleurs en une semaine et l’essentiel des symptômes en moins d’un mois. Les statistiques – qui ne sont que cela – établissent à environ 25 mois la durée moyenne de cette première rémission, ce qui me laisse en principe le temps de terminer un demi-mandat de Président de La Ligue contre le cancer, de la protéger des contrecoups de la crise sanitaire de 2020 et 2021 et de l’aider à faire face à leurs conséquences pour les personnes malades et le soutien à l’effort de recherche. (...)

J’exige une discrétion totale sur ma maladie et suis enregistré à l’hôpital sous un fort joli pseudonyme, monsieur Fleur B Jonc. Outre mes médecins, seules trois personnes sont dans la confidence. Entre septembre 2020 et avril 2021, mon activité est intense, je suis en particulier sur tous les fronts médiatiques pour défendre la vaccination, protéger les personnes malades du cancer, informer sur la pandémie, lutter contre les méfaits de l’alcool, du tabac, des charcuteries traitées aux nitrites…..et pousser les réformes que juge essentielles pour l’avenir de La Ligue. (...)

À l’occasion d’algies cervico-brachiales ressenties dès avril 2020, compliquées en juillet de déficits sensitif et moteur du bras gauche, une IRM pratiquée le 3 aout découvre des métastases cervicales et dorsales étagées, puis un scanner corps entier note que la majorité des os sont atteints, de même que les poumons et diverses masses ganglionnaires. Cependant, malgré sa diffusion, cette prolifération est remarquablement sensible à l’hormonothérapie qui fait disparaitre les douleurs en une semaine et l’essentiel des symptômes en moins d’un mois. Les statistiques – qui ne sont que cela – établissent à environ 25 mois la durée moyenne de cette première rémission, ce qui me laisse en principe le temps de terminer un demi-mandat de Président de La Ligue contre le cancer, de la protéger des contrecoups de la crise sanitaire de 2020 et 2021 et de l’aider à faire face à leurs conséquences pour les personnes malades et le soutien à l’effort de recherche. La situation de cette vieille dame de 103 ans m’apparait nécessiter de plus des réformes considérables que je me hâte de mettre en œuvre avec un calendrier serré qui est censé s’achever en juin 2022, terme de ce premier demi-mandat que je me pense capable de mener jusqu’à son terme. J’exige une discrétion totale sur ma maladie et suis enregistré à l’hôpital sous un fort joli pseudonyme, monsieur Fleur B Jonc. Outre mes médecins, seules trois personnes sont dans la confidence. Entre septembre 2020 et avril 2021, mon activité est intense, je suis en particulier sur tous les fronts médiatiques pour défendre la vaccination, protéger les personnes malades du cancer, informer sur la pandémie, lutter contre les méfaits de l’alcool, du tabac, des charcuteries traitées aux nitrites…..et pousser les réformes que juge essentielles pour l’avenir de La Ligue.

Je ne suis hélas pas du bon côté de la courbe de Gauss de la médiane des rémissions et des survies et dès fin mars – début avril 2021, la prolifération reprend sous une forme particulièrement agressive, totalement insensible à l’hormonothérapie et aux autres traitements connus, rapidement invasive. La dégradation de mon état général est dès lors très rapide et m’oblige à organiser en urgence ma succession à la présidence de La Ligue. (...)

j’ai depuis longtemps la curiosité de ce que sera mon attitude devant la mort. Il y a ce que l’on désire qu’elle soit et ce qu’elle est. Des croyants sincères qui ne doutent pas du royaume de Dieu sont submergés par la terreur lorsqu’elle s’annonce, Bernanos l’illustre dans le dialogue des carmélites.

Tel n’est pas mon cas. Je vais mourir, bientôt. Tout traitement à visée curative, ou même frénatrice, est désormais sans objet. Reste à raisonnablement atténuer les douleurs. Or, je suis comme j’espérais être : d’une totale sérénité. Je souris quand mes collègues médecins me demandent si la prescription d’un anxiolytique me soulagerait. De rien, en fait, je ne ressens aucune anxiété. Ni espoir – je ne fais toujours pas l’hypothèse du bon Dieu -, ni angoisse. Un certain soulagement plutôt.

Selon moi, limiter la vie au désir de ne pas mourir est absurde. J’ai par exemple souvent écrit que lorsque je ne marcherai plus, je serai mort. Il y aura un petit décalage puisque je ne marche plus, mais il sera bref. Alors, des pensées belles m’assaillent, celles de mes amours, de mes enfants, des miens, de mes amis, des fleurs et des levers de soleil cristallins. Alors, épuisé, je suis bien. (...)