Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Chroniques du Yeti
L’islamisme comme prétexte à la révolte radicale
Article mis en ligne le 24 mai 2015
dernière modification le 19 mai 2015

Poursuivi une nouvelle fois par une justice dont l’acharnement confine au ridicule, Julien Coupat en appelle sans faiblir à la révolution. Mais la révolte radicale qui couve présentement pourrait bien ne pas correspondre tout à fait à ce que lui et ses compagnons de Tarnac en attendent.

Les explosions de violence qui éclatent sporadiquement aujourd’hui contre l’ordre établi, stigmatisées par les défenseurs de ce dernier sous le vocable infamant de « terrorisme », ont le très mauvais goût de ne plus se réclamer de la révolution des Lumières, ni du communisme, encore moins de l’archaïque maoïsme cher à certains soixante-huitards nostalgiques, mais de l’islamisme pur et dur.
Une idéologie de pur raccroc

C’est du moins l’avis exprimé par l’anthropologue Alain Bertho dans un passionnant entretien accordé à la revue Regards :

« Je pense qu’il nous faut comprendre que nous n’avons pas affaire à un phénomène sectaire isolé, et surtout que nous n’avons pas affaire à une “radicalisation de l’Islam”, mais plutôt à une islamisation de la révolte radicale. »

D’ailleurs, note André Bertho, Mohammed Merah, les frères Kouachi et Amedy Coulibaly étaient des pratiquants fort tardifs, les meurtriers tunisiens du Bardo n’étaient salafistes que depuis peu, les milliers de jihadistes français bien blancs qui donnent des boutons au ministère de l’Intérieur sont des convertis de très fraîche date.

On pourrait même ajouter que les dirigeants actuels de l’État islamique n’ont guère brillé dans un proche passé par la solidité de leur foi religieuse, à commencer par leur vénéré calife Abou Bakr al-Baghdadi.

Pour André Bertho, l’État islamique se manifeste moins sur le terrain spirituel ou religieux que sous « des formes politiques explicites ». (...)

Les événements tragiques des 7-8-9 janvier 2015 ont été marqués par des réactions d’effroi et de rejet tout à fait compréhensibles, souligne André Bertho. Mais il y a fort à craindre que des manifestations plus ou moins spontanées et spectaculaires comme celles du 11 janvier ne suffisent pas à faire le deuil du traumatisme subi. Encore moins à enrayer le terrible engrenage qui l’a provoqué.

Il faudra bien des trésors d’imagination à Julien Coupat et à ses compagnons pour coiffer sur le poteau une révolte radicale qui leur échappe totalement. Et il y a fort à parier qu’ils n’y parviendront pas en ressortant les vieilles idéologies fatiguées du siècle précédent.

André Bertho complète l’analyse d’Emmanuel Todd sur l’esprit incertain du 11 janvier par un constat lapidaire :

« Je ne sais pas si nous avons déjà connu dans l’histoire une mobilisation aussi massive, construite sur du désarroi. Je l’ai un peu vécue comme une marche funèbre, l’enterrement de la génération de 68. »