
L’hypersurveillance permanente de la société est une mine d’or pour les services de police et de renseignement. Mais elle est aussi un caillou permanent dans leur chaussure. Caméras de surveillance omniprésentes, géolocalisation de smartphones, reconnaissance faciale, intelligence artificielle : le travail des espions est plus complexe que jamais.
L’époque où un agent de terrain pouvait tranquillement traverser les frontières et se déplacer discrètement en terrain hostile est révolu. En février, William Burns, le nouveau patron de la CIA affirmait lors de son audience d’investiture devant le comité de renseignement du Sénat qu’il était désormais « bien plus compliqué d’utiliser les méthodes traditionnelles d’espionnage ».
Aujourd’hui par exemple, l’identification biométrique dans les aéroports rend difficile la simple utilisation d’une fausse identité. Récemment, des images de vidéosurveillance ont permis d’identifier les membres du commando saoudien suspecté d’avoir assassiné le journaliste Jamal Khashoggi.
En 2020, les noms et photos de trois membres des services secrets russes accusés d’avoir tenté de tuer Alexeï Navalny ont été révélés par le média d’investigation Bellingacat grâce à des données téléphoniques.
Dur, dur d’être un espion
Les opérations de renseignement deviennent donc plus complexes et donc plus coûteuses. (...)
Les agents de la CIA prétendent la plupart du temps travailler pour une autre agence américaine ou une entreprise privée située dans le pays où ils sont stationnés.
Mais dans ces cas-là, demande Norman, comment expliquer que son téléphone s’y trouve rarement, que ses relevés bancaires n’indiquent jamais qu’il mange dans le coin, qu’il n’est jamais présent sur les caméras de surveillance ? Ne pas être espionné est désormais l’anomalie.