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L’être et la marchandise. Prostitution, maternité de substitution et dissociation de soi
Article mis en ligne le 7 juillet 2016
dernière modification le 4 juillet 2016

9Dans une clinique de la localité d’Anand, dans le nord de l’Inde, des Indiennes mettent au monde des enfants occiden­taux. Des ovules de femmes blanches sont inséminés avec le sperme d’hommes blancs et l’embryon est ensuite implanté dans l’utérus d’Indiennes. Les enfants n’ont aucun des attributs des femmes qui les ont mis au monde. Ils ne vont ni porter leurs noms ni faire leur connaissance. Après avoir enfanté, les Indiennes se séparent des bébés. Un contrat a été conclu.

(...) Dans une interview à la BBC, la mère porteuse Rubina déclare  : «  C’est un miracle. Je me suis demandé moi-même comment j’ai réussi à mettre au monde un enfant aussi beau, américain et blanc. Je ne pouvais pas le croire – je suis si heureuse.  » Elle raconte que l’un de ses propres enfants, souffrant d’une maladie cardiaque, avait besoin d’une opération et qu’avoir mis au monde l’enfant du couple états-unien était le seul moyen de se procurer l’argent nécessaire pour payer l’intervention3.

On pourrait croire à de la science-fiction, mais pourtant ce sont ces actes qui définissent la maternité de substitution, laquelle est devenue une industrie grandissante et légale, entre autres, aux États-Unis, en Ukraine et en Inde. (...)

L’origine du commerce de la maternité remonte aux années soixante-dix aux États-Unis. (...)

Peu de temps s’est écoulé avant que quelqu’un ne voie là une source d’enrichissement. (...)

il est techniquement pos­sible pour une Indienne de mettre au monde un enfant blanc. Les États-Uniennes pouvaient alors payer le tiers de ce que cela leur aurait coûté dans leur pays et regagner leur foyer en y ramenant leur «  propre  » enfant, bien que porté et mis au monde par une Indienne. La transplantation d’embryon a également conduit les tribunaux états-uniens à changer leur manière de juger les conflits relatifs à la garde d’enfant. (...)

Les gens qui désirent un enfant par l’intermédiaire de la mater­nité de substitution sont principalement des couples hétérosexuels occidentaux. Ils sont âgés de trente-cinq à quarante-cinq ans et ont, en général, un niveau d’études élevé12. Ils ont essayé en moyenne pen­dant sept ans d’avoir un enfant à l’aide d’hormones et de la fécon­dation in vitro, mais la femme est infertile pour différentes raisons13. Une minorité (en croissance) est composée de couples homosexuels ou d’hommes seuls désireux d’avoir un enfant biologique et, pour qui, de nombreux pays ne permettent pas l’adoption. Ce que tou­tes ces personnes ont en commun, c’est le fait de désirer un enfant génétiquement lié au père. (...)