Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
L’éducation « non genrée » dès la crèche pour prévenir le sexisme et les violences
Article mis en ligne le 4 septembre 2021

Danse pour les filles, foot pour les garçons... C’est pour lutter contre ces stéréotypes que la ville d’Aubervilliers sensibilise les professionnel.les de la petite enfance à ce qu’on appelle l’éducation non genrée.

(...) Avant, les petites filles étaient plutôt sollicitées pour ... ranger !

« J’étais persuadée que je ne faisais pas de différence entre les filles et garçons mais ce n’était pas le cas », remarque Lineda Idjéraoui, directrice de La Pirouette qui accueille une quinzaine d’enfants âgés de 16 mois à 3 ans. En visionnant des films de leurs journées de travail, les professionnelles ont réalisé qu’elles laissaient volontiers les petits garçons se confronter les uns aux autres, physiquement, tandis qu’elles avaient tendance à retenir les filles, et à les solliciter plutôt… pour ranger. (...)

À la demande de la mairie, l’équipe a été formée dès 2013 par l’association Adéquations qui travaille notamment sur l’égalité femmes-hommes. En 2011, lorsque la ville se dote d’un plan de lutte contre les discriminations et d’un plan de promotion des droits des femmes, Yéléna Perret, alors chargée de mission Droits des femmes a proposé de former les professionnel.les de la petite enfance à l’éducation non genrée. Quatre structures sur huit ont été formées. Le projet visait une prise de conscience des professionnel.les afin que tout enfant accueilli dans l’une des structures de la ville se sente le plus libre possible. Débarrassé des stéréotypes de genre.

L’éducation différenciée mène aux inégalités

« L’éducation genrée est une éducation différenciée, qui encourage certaines activités pour les filles, et d’autres pour les garçons », précise Bénédicte Fiquet, intervenante sur les questions d’éducation à l’égalité à Adéquations, qui a accompagné les équipes de La Pirouette. Or, la différenciation mène aux inégalités… Raison pour laquelle la ville tient à proposer un autre modèle aux jeunes enfants qu’elle a sous sa responsabilité. (...)

À la demande de la mairie, l’équipe a été formée dès 2013 par l’association Adéquations qui travaille notamment sur l’égalité femmes-hommes. En 2011, lorsque la ville se dote d’un plan de lutte contre les discriminations et d’un plan de promotion des droits des femmes, Yéléna Perret, alors chargée de mission Droits des femmes a proposé de former les professionnel.les de la petite enfance à l’éducation non genrée. Quatre structures sur huit ont été formées. Le projet visait une prise de conscience des professionnel.les afin que tout enfant accueilli dans l’une des structures de la ville se sente le plus libre possible. Débarrassé des stéréotypes de genre.

L’éducation différenciée mène aux inégalités

« L’éducation genrée est une éducation différenciée, qui encourage certaines activités pour les filles, et d’autres pour les garçons », précise Bénédicte Fiquet, intervenante sur les questions d’éducation à l’égalité à Adéquations, qui a accompagné les équipes de La Pirouette. Or, la différenciation mène aux inégalités… Raison pour laquelle la ville tient à proposer un autre modèle aux jeunes enfants qu’elle a sous sa responsabilité. (...)

« Il a été facile de réorganiser les locaux pour ce projet car nous sommes une petite structure » , décrit Lineda Djéraoui en désignant le mobilier aux couleurs neutres et l’aménagement de l’espace jeux favorisant la libre circulation des enfants entre le coin dînette/poupée et l’espace garage. (...)

« Il a été facile de réorganiser les locaux pour ce projet car nous sommes une petite structure » , décrit Lineda Djéraoui en désignant le mobilier aux couleurs neutres et l’aménagement de l’espace jeux favorisant la libre circulation des enfants entre le coin dînette/poupée et l’espace garage. (...)

Cette liberté d’organisation de l’espace sera sans doute plus compliquée à mettre en place dans les crèches qui appliqueront le tout nouveau décret gouvernemental qui prévoit de limiter le nombre de m² par enfant dans les grandes villes à partir de ce 1er septembre. Un tel projet nécessite également du personnel prêt à encourager et accompagner les enfants (...)

« La pédagogie non genrée permet un accueil au plus près des besoins de l’enfant. Ainsi, lorsque l’on propose un jeu à l’enfant, on se demande ce qu’il va lui apporter », explique la psychologue Juliette Nesa qui intervient les vendredis à La Pirouette. « Un ballon, par exemple, permet d’exercer sa force et son habileté. C’est aussi un outil qui favorise les interactions sociales » analyse-t-elle, depuis le bureau de la direction, où elle est interrompue de temps en temps par quelques petits curieux. Or, le ballon est plus volontiers proposé aux petits garçons. Pas à La Pirouette, où l’équipe profite des séances de motricité pour encourager les filles à faire, elles aussi, usage de leur adresse et leur force. (...)

Pourtant, quand la mairie a lancé le projet, l’accueil a été plutôt frais. Lineda, qui était alors éducatrice de jeunes enfants (EJE), n’y était pas forcément favorable. (...)

« Filmer les professionnelles leur a permis de se rendre compte que le plus souvent, on offre davantage d’occasions aux garçons de développer leur estime de soi ». En effet, ceux-ci ont droit à des jeux qui les confrontent davantage au réel comme les jeux de construction où la hauteur d’une tour augmente immédiatement leur satisfaction. Alors qu’aux filles, on a plutôt tendance à proposer des jeux d’imitation, liés aux travaux domestiques, qui enferment et n’invitent pas à occuper l’espace.

Les premières réticences dépassées, les professionnelles ont réfléchi à leurs interventions et revu leurs pratiques. Depuis, les six agentes s’attellent à faire vivre la formation au quotidien. (...)

Certaines familles et plus particulièrement les père

Le nouveau texte gouvernemental prévoit d’ailleurs un plan de formation continue des professionnel.les avec un module dédié à l’égalité filles-garçons et l’accueil de la diversité. La lutte contre la reproduction des inégalités est ainsi inscrite dans La charte nationale pour l’accueil du jeune enfant, texte qui devra être décliné dans les projets pédagogiques des crèches. s, étaient également réfractaires au projet. Lors de la réunion d’information organisée en amont, les réactions ne se sont pas fait attendre, et les propos homophobes ont fusé sur le mode « Je ne veux pas que vous fassiez de mon fils un pédé. » Mais d’autres parents se sont d’emblée montrés enthousiastes. (...)

Prévenir le sexisme, et les violences

« Mon fils sait qu’il est libre de faire de la danse s’il en a envie car on lui a expliqué que c’était possible. » C’est là tout l’intérêt de la pédagogie non genrée : offrir une liberté de choix aux enfants, transmettre une culture de l’égalité dès la petite-enfance, prévenir le sexisme et même les violences qui peuvent découler des représentations du masculin et du féminin. (...)

Le nouveau texte gouvernemental prévoit d’ailleurs un plan de formation continue des professionnel.les avec un module dédié à l’égalité filles-garçons et l’accueil de la diversité. La lutte contre la reproduction des inégalités est ainsi inscrite dans La charte nationale pour l’accueil du jeune enfant, texte qui devra être décliné dans les projets pédagogiques des crèches. (...)

Reste à savoir ce que deviennent ces gamins biberonnés et nourris à la pédagogie non genrée, une fois à l’école. À ce jour, aucun lien n’est assuré entre les crèches et le milieu scolaire. (...)