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Respublica
L’école aujourd’hui au service du néolibéralisme
Article mis en ligne le 27 septembre 2014
dernière modification le 19 septembre 2014

Que de discours sur l’école repliés sur eux-mêmes comme si l’école se déployait indépendamment du système culturel économique et politique ambiant !

Que de propositions de rustines pour enrayer tel ou tel mal de l’école ! Que de discours contre les politiques scolaires qui poursuivent les mêmes desseins que les politiques qu’ils contestent !

Comme d’habitude, insuffisance de l’analyse, confusion sur les causes et sur le rôle de l’école. Depuis trente ans, l’opposition RPR puis UMP versus PS est gangrenée par une pseudo opposition entre l’école néolibérale au service de l’employabilité défini par les patrons et le mouvement réformateur néolibéral de « gôche » qui est censé mettre l’enfant au centre de l’école.
Pour un citoyen de gauche, s’opposer à la première est simple car c’est le projet de la droite. Mais il est plus difficile de s’opposer à la seconde, car c’est la politique de la plupart des gauches y compris des pans entiers de l’Autre gauche.

La première politique revient à concevoir une école à plusieurs vitesses en fonction des besoins patronaux pour mieux exploiter les travailleurs. La deuxième est une école également à plusieurs vitesses mais basée sur un discours d’épanouissement de l’enfant, sur le communautarisme, le pédagogisme2 et la soumission aux forces de la société civile.

La première s’appuie sur les intellectuels patronaux mais aussi sur les républicains désuets (de type Brighelli et consorts) qui oublient que nous ne sommes plus depuis longtemps dans la Chose publique (la res publica) et qui ne défendent que la part de l’école des élites.

La deuxième s’appuie sur les intellectuels communautaristes et pédagogistes (de type Meirieu, Prost, Legrand et même certains se disant successeurs de Bourdieu) qui non seulement ont participé à la trahison des gauches mais ont investi le ministère de l’Éducation nationale (...)

Ces deux discours concourent aujourd’hui à la même politique néolibérale de l’école à plusieurs vitesses favorisées par le phénomène de gentrification3 et d’uniformisation sociologique des quartiers car, malgré la persistance de discours différents, ils se sont unifiés pour concourir ensemble aujourd’hui à l’école des compétences et de l’employabilité voulue par les patrons, chacun parlant à partir d’un pan de l’école.

Nous sommes bien loin d’une école dont le but est de transmettre à tous et toutes les savoirs émancipateurs qui permettent l’autonomie de la pensée du futur citoyen et libèrent des pensées formatées par la logique du profit, des églises, de l’obscurantisme et plus généralement des pensées du prêt-à-porter existant dans la société civile.

Nous sommes bien loin d’une école qui promeut les principes de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité, de solidarité, de sûreté, de souveraineté populaire, d’universalité et de développement écologique et social.

Le résultat est sans appel. L’opposition factice des deux discours que nous avons présentés est du même ordre que l’opposition factice des néolibéraux de droite et de gauche. Avec ceci en plus qu’une partie de l’Autre gauche est également gangrenée par l’idéologie du mouvement réformateur néolibéral en matière scolaire.
(...)

L’école est un organe tellement important de la République sociale à laquelle nous aspirons que nous ne pouvons nous contenter de telle ou telle rustine prééminente, surplombante et simpliste pour résoudre à elle seule les maux de l’école aujourd’hui, largement néolibérale. L’école est un corps complexe qui fait partie de la sphère de constitution des libertés (école, protection sociale, services publics). Sans elle, aucune res publica n’est possible. Voilà qui mérite un effort d’éducation populaire pour en clarifier les enjeux. L’école ne doit pas être gérée par des intellectuels patronaux, par les républicains désuets, ou par ceux des « sciences de l’éducation », le tout au service du capitalisme. C’est au peuple et à ses citoyens de prendre cette question à bras le corps pour refonder l’école en même temps que fonder la République sociale. L’un n’ira pas sans l’autre. (...)