
Risque d’effondrement. Enfin. Tandis qu’à Paris, à la Maison de Chimie on peut fort heureusement encore discuter du Plan B, d’un certain Plan B... à défaut d’un Plan B certain, à Athènes et dans toute la Grèce, la nouvelle colère occupe la rue. Un ras-le-bol venu des tripes comme autant de la barrière anatomique éclopée de la société grecque. Jours de 2016 et ce n’est qu’un début prometteur.
Pratiquement toutes les catégories socioprofessionnelles ont cette rage de défendre, insuffisamment certes, leur existence, face à la... “Solution finale”, (mesures concernant le régime des retraites, les salaires, la surimposition etc.), “apportée” comme sur un plateau par l’administration Tsipras-II. Conte pour adultes, mais aussi chimère dystopique et dyschronique alors réalisée, avec toute la patte singulière de la Troïka élargie. Colère noire et peut-être risque d’effondrement.
Les agriculteurs, sur le point de bloquer certaines routes et autoroutes, le port de la ville Thessalienne Vólos a été bloqué par les pêcheurs, et au nord de la Grèce à Komotiní, Vangélis Apostolou, ministre de l’Agriculture a été assiégé durant plus de douze heures à l’intérieur d’un bâtiment public, cernée par le cortège des paysans, (mercredi 20 janvier).
Et à Athènes, les avocats suspendent désormais leurs cravates sur les arbres devant le “Parlement”, histoire aussi de paraphraser l’attitude prétendument anticonformiste des Tsipriotes “sans cravates”. (...)
Les Grecs savent que désormais lorsqu’ils luttent dans les rues (avec plus ou moins de succès), ils le font et ils feront alors enfin seuls, face d’abord à eux-mêmes, face à la mort qui les cerne de plus près, sans pratiquement aucun espoir (ou plutôt “espoir”) mandaté car supposé investi dans une force politique quelconque, partis de gauche... enfin compris.
Vue de Paris, cette aggravation de la situation impose enfin à gauche... une certaine urgence, d’où la tenue du “Sommet Internationaliste pour un Plan B en Europe”, sauf que dans les rues et dans les quartiers d’Athènes, plus personne ne veut plus entendre parler trop longuement de la gauche ; le luttes continueraient on dirait sans nos gauches. SYRIZA est aussi passé par là (...)
les Grecs savent qu’ils subissent en réalité une guerre, et que leur pays est dépecé colonisé comme il est par le financierisme et plus exactement, par sa variante européiste imposée par les élites de l’Allemagne actuelle et face à cela, il va falloir tout simplement se battre, résister et mourir... parfois dans la solitude.
Et c’est cette dimension du conflit grec (en somme européen) qui échappe (du moins en partie) aux tenants du “Sommet Internationaliste pour un Plan B en Europe”. C’est une course contre la montre certes, et je dirais que la gauche... galope (même avec des bons arguments) désormais bien derrière cette épreuve, sans y arriver. Durant plus de trente ans d’achèvement triomphaliste financiocrate, nos gauches ont dénoncé à peu près tout... sauf la construction européiste, et cela se paye justement à présent.
L’avenir est cependant en cours. Pendant qu’au sommet de Davos, les officiels, tout comme les médias d’une certaine Allemagne ridiculisent le Premier ministre grec, notamment lorsque Wolfgang Schäuble l’a indirectement traité... d’idiot publiquement, ce qui n’a pas échappé à la presse grecque, partout ailleurs, nous voulons approfondir nos pensées, croiser nos regards, enfin agir.
C’est pour cette raison que je participe au débat organisé le 27 janvier à Paris (Sorbonne) par le mouvement Critique de la Raison Européenne, plus précisément, il s’agit de sa conférence organisée par l’antenne de Paris 1 sur le thème : “Quel avenir pour la Grèce au sein de l’UE ?”, avec mon ami Olivier Delorme, historien spécialiste de la Grèce, Frédéric Farah, professeur d’économie, essayiste et Coralie Delaume, bloggeuse, essayiste. Le débat est ouvert, mais il faut réserver une place (gratuite), pour de raisons liées à la salle qui nous est disponible. (...)
En dépit de certaines apparences, Plan B ou pas, il y a bien de l’eau dans le gaz. Un ras-le-bol venu des tripes comme de la barrière anatomique éclopée de la société grecque, 2016 déjà et ce n’est qu’un début... prometteur.