
Un petit roman intéressant, pour nous comme pour nos élèves
Passée la joie d’être enfin “prof” de français, la jeune Anna Vareille se trouve confrontée à la réalité du collège : désintérêt des élèves qui ne comprennent rien à “Moulière avec son langage de vieux”, commentaires et interpellations à haute voix, échanges de textos avec les téléphones portables pendant ses cours, chewing-gum dans la serrure, déclenchement inopiné de l’alarme incendie, intervention de parents d’élèves…
Malgré sa collègue Dominique, au bout du rouleau, qui lui conseille : “Ne te laisse pas avoir. Sois ferme, ne cède sur rien […] Surtout, pas de sentiment. Ici, c’est la loi de la jungle. Il faut que les uns mangent les autres. Ce sont eux ou toi”, Anna veut plaire et elle a envie que ses élèves lui plaisent aussi. “Est-ce une faute professionnelle ?” se demande-t-elle.
Elle fait des efforts pour s’adapter au mieux. Le jour où il est, par exemple, impossible de reprendre le cours normal après l’annonce du suicide d’une élève, Anna leur propose d’écrire un texte pour leur camarade Lydia.
Mais, bien vite, elle ne peut s’empêcher de penser, comme d’autres collègues : “Ils m’auront ! Ils m’auront à l’usure !” et, chaque jour, comme eux, elle a le sentiment d’aller “affronter les monstres”, et se demande si elle fera carrière dans l’enseignement. (...)
… Le livre ne s’achève pas, comme cela aurait pu être le cas, sur la dépression ou, pire, sur le suicide de l’enseignante. Au contraire, il laisse la porte entrouverte sur un beau projet collectif de travail en équipe à partir de textes en slam et une dernière phrase, tout à fait positive : “Allons-y, dit-elle à ses élèves ave une conviction nouvelle.” Il ne faut pas se laisser rebuter par l’image de couverture. L’ouvrage, facilement accessible à des élèves de 5e ou de 4, est tonique.
L’auteure se veut optimiste et donne toutes les pistes pour instaurer, à partir des éléments du livre, un dialogue constructif entre les élèves et les enseignant-e-s.