Le 16 avril, le Parlement européen aura la possibilité de modifier le projet de prêt élaboré par la Commission européenne censé aider la Tunisie à faire face à ses difficultés économiques et sociales croissantes. Une occasion à ne pas rater pour ces parlementaires qui n’ont, en revanche, pas eu leur mot à dire sur le contenu de l’ « aide » de l’Union européenne (UE) à l’Ukraine. Comme pour l’Ukraine, l’ « aide » de 300 millions d’euros à la Tunisie telle que présentée dans la proposition de la Commission européenne est une imposture qui va à l’encontre des engagements de l’UE et qui s’aligne totalement sur les politiques néo-libérales du FMI.
Tout d’abord, cette « aide » aggrave l’endettement de ces pays car, contrairement à ce qu’elle prétend être, elle ne contient aucune part de don. Pourtant, le poids de la dette étouffe déjà les populations tunisienne et ukrainienne. En 2013, le remboursement de la dette tunisienne représentait sept fois le budget pour la formation professionnelle et l’emploi et trois fois celui de la santé.
Ensuite, cette « aide » vise à ce que la Tunisie et l’Ukraine remboursent en priorité les dettes contractées par les gouvernements précédents. (...)
Alors que ces mesures anti-sociales correspondent aux recettes classiques de l’austérité imposées par le FMI aux pays du Sud depuis plus de trente ans et à plusieurs pays européens depuis la crise de 2008, le FMI continue à imposer cette voie qui conduit à la fois à l’augmentation de la pauvreté, des inégalités et de la dette publique. Rappelons que le FMI a reconnu lui-même dans un rapport récent l’échec de cette politique d’austérité menée conjointement avec l’UE et la Banque centrale européenne en Grèce. Force est donc de constater que ses propres rapports n’ont aucun effet sur la direction de cette institution ni sur la Commission européenne puisque cette dernière n’accepte d’accorder des prêts que si les pays se soumettent préalablement au diktat du FMI. C’est notamment le cas de l’Ukraine et de la Tunisie.
Toutefois, le 16 avril, le Parlement européen a le pouvoir de s’y opposer en votant pour l’élimination de toutes les conditionnalités du FMI attachées au prêt de l’UE à la Tunisie. C’est le minimum que les parlementaires puissent faire s’ils veulent réellement aider le peuple tunisien et s’ils sont vraiment soucieux de la démocratie et respectueux de la souveraineté de la Tunisie. (...)