
Les gouvernements d’Europe et en dehors devront être extrêmement prudents pour éviter qu’emploi et climat ne se retrouvent en opposition au cours de la relance post-coronavirus, selon Fatih Birol, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est engagée à placer les transitions verte et numérique au centre du fonds de relance de l’UE, qui sera dévoilé mercredi prochain dans le cadre de la proposition révisée du budget à long terme (2021-2027).
C’est un pas dans la bonne direction, déclare Fatih Birol, qui qualifie ce fonds d’« occasion historique » de créer des emplois dans le domaine des technologies propres. Cela inclut notamment l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables, les batteries lithium-ion et l’hydrogène.
Mais il met en garde contre un « défi imminent » qui attend la phase de relance de l’après-crise sanitaire.
« Nous allons voir des millions de personnes, en Europe et dans le reste du monde, perdre leur emploi », a affirmé l’économiste à l’occasion d’un débat en ligne organisé par Euractiv lundi 11 mai.
Quand la reprise s’amorcera, les gouvernements devront éviter toute confrontation entre les personnes qui veulent prioriser les emplois et celles qui plaident pour l’instauration de mesures en faveur du climat, avertit Fatih Birol.
Rénovation des bâtiments, énergies renouvelables, batteries et électrolyseurs
Selon le directeur de l’AIE, le plan de relance vert de l’UE doit s’appuyer sur des outils déjà maitrisés, comme l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables — dont l’éolien offshore. (...)
Ce plan de reprise écologique devra ensuite « se concentrer sur les technologies qui sont prêtes [à être fabriquées en série] », comme les batteries lithium-ion pour les voitures électriques, ou les électrolyseurs pour la production d’hydrogène, explique le directeur.
Il précise que le fonds de relance de l’UE pourrait contribuer à réduire les coûts de production et favoriser le passage à l’énergie propre en Europe. (...)
En France par exemple, à la suite d’un accord de sauvetage conclu avec le gouvernement, Air France a reçu l’ordre de supprimer les vols intérieurs qui concurrencent le rail.
Mais l’Allemagne n’a quant à elle toujours pas établi de modalités vertes à inclure au fonds de soutien de Lufthansa.
Selon Claude Turmes, le risque de distorsion est énorme. « Pourriez-vous imaginer que les législateurs français imposent [au Groupe PSA] et à Renault d’appliquer des mesures écologiques strictes, mais que l’industrie automobile allemande ne soit pas obligée de le faire ? », interroge-t-il.
Ursula von der Leyen reconnaît que ces « énormes différences » de subsides aux sociétés en difficulté risquent d’accentuer les disparités économiques entre les Vingt-sept.
« C’est aussi pour cela que [nous devons aller au-delà du simple] contrôle des subventions publiques. Nous avons besoin d’un plan de relance européen vert et numérique, et qui profite à tous les consommateurs européens », assure-t-elle.