
Enfin du concret sur la question des migrations en Afrique. Deux ans après l’adoption du pacte de Marrakech, pour une meilleure coopération internationale pour une « migration sûre », lors de l’Assemblée générale des Nations unies en décembre 2018, les États africains ne sont pas restés les bras croisés. Par la voix du roi Mohammed VI, qui est responsable au sein de l’Union africaine du dossier des migrations, l’organisation panafricaine a établi un agenda avec comme points essentiels la création d’un observatoire africain des migrations (OAM ). Son objectif : contribuer à prendre les décisions, à instaurer des stratégies migratoires et à donner une vision claire sur la migration africaine, tout en réfutant les mythes qui se tissent autour de cette question.
Le Maroc vient d’inaugurer le siège de cette structure portée par l’Union africaine, à Rabat, vendredi 18 décembre, Journée internationale des migrants. En effet, cet observatoire est parti du constat qu’il n’y a pas que l’Europe qui est impactée par les migrations, l’Afrique aussi, ne serait-ce que par les drames humains vécus par les familles et les pertes sur les plans économiques. (...)
La question de la migration « reste dans de nombreux cas une simple perception, car il suffit de diffuser certaines images dans les médias et les réseaux sociaux pour créer des stéréotypes et des clichés sur la question », a relevé le ministre marocain. Vue d’Afrique, la migration africaine répond à un tout autre « narratif » que celui proposé par les dirigeants et médias occidentaux. (...)
Un outil scientifique pour répondre aux besoins réels
Sur le plan opérationnel, cet observatoire pourra collecter, analyser et échanger des données à travers « un système interconnecté » associant les pays africains pour améliorer des politiques migratoires « souvent inefficaces en raison du manque de ces données ». L’objectif est de « générer des données équilibrées et adaptées aux besoins de l’Afrique en matière de migration », a pour sa part souligné Amira El Fadil. C’est « un message fort à la communauté internationale sur la détermination du Maroc et de l’Afrique à asseoir une meilleure gouvernance migratoire à l’échelle du continent », poursuit le ministre Nasser Bourita. L’OAM jouera ainsi un rôle de « démystification » des problématiques migratoires, a-t-il dit en déplorant que ce sujet soit devenu « une formule politique ». Et l’observatoire est déjà attendu sur deux dossiers : l’un concerne la première base africaine de données migratoires et l’autre, un portail continental sur les données migratoires, à l’instar de celui de l’OIM. (...)
Battre en brèche les idées reçues
La migration en Afrique est essentiellement intra-africaine : 80 % des migrants venant de pays d’Afrique restent sur le continent et seulement 12 % parviennent en Europe, les autres partant ailleurs, selon des chiffres diffusés en 2018 à Rabat. L’Afrique du Sud arrive en tête des destinations intra-africaines avec 3,1 millions d’arrivées, suivie de la Côte d’Ivoire (2,1 millions) et du Nigeria (1,9 million).
L’UA prévoit d’ouvrir deux autres instances dédiées aux migrations, un centre d’études et de recherches à Bamako et un centre opérationnel à Khartoum, selon Mme El Fadil. (...)