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L’Espagne entame le procès de la crise
Article mis en ligne le 26 novembre 2018

Avec l’ancien patron du FMI Rodrigo Rato sur le banc des accusés, l’Espagne entame lundi un procès-marathon emblématique de la crise : celui de l’entrée en Bourse présumée frauduleuse en 2011 de Bankia, sauvée de la faillite grâce à une colossale aide d’État.

Ce sauvetage historique a obligé l’Espagne à demander à l’Union européenne 41,3 milliards d’euros (46,5 milliards de francs) de prêts en 2012 pour éviter l’effondrement de l’ensemble de son secteur bancaire.

L’Audience nationale, haut tribunal chargé entre autres des affaires financières, juge notamment M. Rato, ex-dirigeant de la banque après avoir été patron du FMI de 2004 à 2007, poursuivi pour falsification de bilan comptable et escroquerie au préjudice des investisseurs. Après cinq ans d’instruction, le procès doit durer au moins sept mois, jusqu’à fin juin. Sont poursuivies 35 personnes et sociétés, dont Bankia, sa maison-mère BFA et le cabinet d’audit Deloitte.

Le parquet a requis cinq ans de prison contre M. Rato, qui a aussi été vice-président du gouvernement espagnol et ministre de l’Economie. Il purge déjà une peine de quatre ans et demi de détention pour détournement de fonds lorsqu’il dirigeait la banque, de 2010 à 2012. (...)

Le ministère public a également requis des peines de prison contre trois autres ex-hauts dirigeants de la banque. Il n’a en revanche requis aucune condamnation contre les autres inculpés.

« Délires de grandeur »

L’image de Rodrigo Rato sonnant la cloche et trinquant au champagne, tout sourire, le 20 juillet 2011, pour marquer le début de la cotation de la banque, est devenue un des symboles du désastre.

Plus de 300’000 petits actionnaires avaient souscrit des paquets d’actions, pour un montant minimum de 1000 euros(1130 francs), attirés par une vaste campagne publicitaire et les bénéfices revendiqués par la banque.

Mais en 2012, après une année calamiteuse qui a vu s’effondrer la valeur de ses actions, celle-ci reconnaissait finalement avoir subi, l’année de son introduction en Bourse... une perte frôlant les trois milliards d’euros. (...)

Bankia était devenue le symbole des excès de la finance, dans une Espagne plongée dans la récession suite à l’éclatement d’une bulle immobilière entretenue par les banques concédant des crédits à tout-va.

Une première affaire a abouti à la condamnation de 63 ex-dirigeants de Caja Madrid, ancêtre de Bankia, pour avoir réglé des frais personnels en se servant librement des fonds de la banque.

Rodrigo Rato est lui en attente d’un autre jugement pour fraude fiscale. (...)