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Reporterre
L’Élysée soutient en catimini le projet de méga-mine d’or
Article mis en ligne le 2 octobre 2021

(...) Malgré les promesses gouvernementales, une version remaniée de ce très polluant projet de mine d’or en Guyane pourrait ainsi voir le jour.

Voilà des années qu’il s’y oppose, certes mollement. Mais le gouvernement n’a, en réalité, pas enterré le projet minier Montagne d’or. Début septembre, la compagnie minière annonçait « un nouveau projet Montagne d’or », suscitant une vague d’inquiétude parmi les opposants. Le député écologiste du Maine-et-Loire, Matthieu Orphelin, a alors demandé au président de la République de clarifier la position française sur ce projet. Dans sa réponse en date du 21 septembre, et que publie Reporterre, l’Élysée affirme que la nouvelle version du projet « n’est pas de nature à modifier la position du gouvernement » et que « le chef de l’État et le gouvernement sont opposés au projet Montagne d’or tel qu’il a été déposé ». Mais — et là est la subtilité — l’Élysée ne ferme pas la porte à un projet Montagne d’or remanié qui respecterait les nouvelles dispositions du droit minier contenues dans la loi Climat adoptée le 22 août. (...)

Donc, si le projet respecte les prescriptions de la loi, il sera autorisé. Ce qui est en contradiction avec la déclaration en mai 2019 du ministre de la Transition écologique, François de Rugy, qu’avait confirmée ensuite sa secrétaire d’Etat, Brune Poirson : « Le projet ne se fera pas ». L’Élysée revient donc sur le choix gouvernemental affirmé naguère.

De plus, la loi Climat évoquée par la présidence de la République contient des mesures transitoires qui font qu’elle ne pourra pas s’appliquer à des dossiers en cours d’instruction comme celui de Montagne d’or. Le gouvernement ne se donne même pas les moyens de limiter les dégâts : la loi qu’il a lui même adopté ne lui donne aucun moyen de pression sur la compagnie minière. (...)

Le Fonds mondial pour la nature (WWF) détaille qu’outre le déboisement total de 1 513 hectares, « l’extraction de l’or nécessiterait des milliers de tonnes d’explosifs et de cyanure et 195 millions de litres de fuel durant les douze années de vie du projet » (...)

Le projet de mine d’or industrielle Montagne d’or est donc toujours d’actualité. Voilà qui vient confirmer ce que plus de deux ans d’une communication en désaccord croissant avec l’avancement réel du projet laissaient supposer. (...)

le gouvernement ne s’est pas donné les moyens d’arrêter définitivement ce projet minier. Interdire le recours au cyanure, indispensable à la rentabilité économique de ce type de mégamine d’or ? La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, s’est, au contraire, faite le chantre de ce produit hautement toxique lors des débats sur la loi Climat contenant une réforme minière. Refuser la prolongation des concessions sans lesquels le gisement aurifère ne pourrait être exploité ? Lorsque la compagnie minière a attaqué l’État pour lui enjoindre de délivrer ces titres miniers pour une durée de vingt-cinq ans, il s’est très faiblement défendu devant le juge administratif de Cayenne. Le tribunal n’a pas manqué de le remarquer, donnant raison à la compagnie minière. Et cette décision a été confirmée en juillet dernier par la cour d’appel administrative de Bordeaux. L’État s’est toutefois pourvu en cassation devant le Conseil d’État.