
Le ministère a renoncé à dépenser 75 millions d’euros qui faisaient partie du budget alloué à l’Education nationale pour 2021. Un comble, alors que les besoins ne manquent pas.
Le ministère de l’Éducation nationale aurait-il fait des économies à la faveur de la crise sanitaire ? Une chose est sûre, Jean-Michel Blanquer a renoncé à dépenser 75 millions d’euros, qui faisaient pourtant partie du budget qui lui avait été alloué pour l’année 2021.
À défaut d’avoir été consommée, cette somme calculée sur un total de 55 milliards d’euros – hors crédits du plan de relance – ne sera donc pas versée, comme le veut le projet de loi de finances rectificative (PLFR) présenté en conseil des ministres le 3 novembre.
Dans le public, cela correspond à une perte de plus de 15 millions d’euros pour le second degré et de 2,3 millions d’euros pour le premier degré. Raison invoquée : « De moindres dépenses liées à la crise sanitaire (crédits pédagogiques et formations). »
Mais pourquoi ne pas avoir puisé dans ces réserves pour renforcer les brigades d’enseignants remplaçants dans les zones déficitaires, au moment où les équipes pédagogiques et les parents s’arrachaient les cheveux ? S’ajoutent à ça 40 millions d’économies réalisées sur le programme « vie de l’élève » – lequel inclut la médecine scolaire, plus utile que jamais en ces temps de pandémie – et les actions en faveur de l’inclusion des élèves en situation de handicap, comme le recrutement et la rémunération des AESH, qui protestent depuis plusieurs mois contre la précarité de leurs conditions de travail.
Dernier volet, le « soutien de la politique de l’éducation nationale » voit s’envoler 15 millions d’euros qui auraient dû servir, semble-t-il, à financer l’organisation d’examens et de concours, ainsi que des frais de déplacements. Au ministère, on précise que c’est la « réserve de précaution », censée couvrir notamment les aléas de gestion, qui se trouve ici amputée à la suite d’une sous-consommation liée à la crise sanitaire.
Reste qu’on ne comprend pas bien ce qui empêchait Jean-Michel Blanquer d’utiliser ces crédits pour équiper les cantines de systèmes de ventilation ou subventionner l’achat de matériel informatique, qui compte pourtant parmi les actions de ce programme… À moins qu’une bureaucratie kafkaïenne, conjuguée à la pression qui pèse sur l’argent de l’État, fige chaque ligne budgétaire, en dépit du bon sens.
Un exemple parmi d'autres : utiliser cet argent pour fournir en masques FFP2 les enseignants du primaire et du secondaire, équiper les classes de capteurs de CO2... et s'il reste des sous, les donner à sa voisine du MESRI pour équiper les facs... 😡https://t.co/raIZgkU8P1
— Manon Pignot (@pignot_manon) December 30, 2021
Les profs ne demandent pas la fermeture des écoles, mais des mesures de protection collectives que le Ministère leur refuse depuis des mois, en louvoyant et en tenant un discours uniquement destiné à rassurer les parents. Comment ne pas comprendre leur colère ? #COVID19
— Christian Delporte (@chdelporte) December 30, 2021