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KENYA : bientôt ouvert aux OGM ?
Article mis en ligne le 24 novembre 2016
dernière modification le 21 novembre 2016

Alors que le Burkina Faso est en phase de démantèlement de sa filière de coton OGM, le Kenya est en passe d’en accepter les essais en champ. La porte s’est entrouverte en janvier 2016 pour le maïs Bt ; celle du coton ne devrait pas tarder. Le compte à rebours a commencé. Si l’autorisation de mise en marché est accordée, le Kenya sera le quatrième pays africain, après l’Afrique du Sud, le Burkina Faso et le Soudan, ouvert aux OGM.

Plusieurs facteurs favorisent l’implantation des OGM dans un pays : aspects économiques et agronomiques, politiques mises en place (ou l’absence de politiques d’ailleurs), et capacité des gouvernements à gérer la recherche et le développement des filières ainsi qu’à tenir compte (ou non) de l’avis de la société civile.
Si l’on analyse le cas du coton au Kenya, l’industrie textile a connu son heure de gloire suivie d’un déclin : les gouvernements récents ont essayé de redresser la barre en stimulant divers maillons de la chaîne de valeur. Celui de la qualité de la matière première, le coton, reste pour l’heure, le maillon faible. Autant dire qu’il s’agit là d’une opportunité pour les transnationales qui déploient des moyens proches de l’indécence face à un gouvernement aux moyens exsangues, comme bien souvent sur ce continent. Difficile dans ce cas de résister au chant des sirènes.

Mais pourquoi le Kenya intéresse-t-il tant Monsanto alors que ce pays ne figure pas parmi les leaders africains subsahariens de la production de coton ? Explication en quatre actes. (...)

Décembre 2012 : coup de théâtre et coup d’arrêt aux velléités de Monsanto.

Le Kenya interdit l’importation d’OGM sur la base du principe de précaution, notamment suite à la divulgation de l’étude toxicologique de Gilles-Eric Séralini relative à l’impact du maïs GM sur la santé de rats. Cette interdiction est depuis lors en vigueur. Mais pour combien de temps ? Des voix s’élèvent en effet pour lever cette interdiction grâce à un lobbying actif de Monsanto appuyé par diverses organisations dont l’African Agricultural Technology Foundation – Fondation Africaine pour les Technologies Agricoles (AAFT) [8] avec qui la multinationale a signé un protocole d’entente. Ce protocole la positionne comme fournisseuse de biotechnologie pour le maïs Bt.

Il importe de préciser à ce stade que l’importation de maïs représente un enjeu dans ce pays dont la sécurité alimentaire n’est pas forcément assurée et pour qui le maïs constitue un aliment de base. D’où les inquiétudes d’alors de la ministre de la Santé à la lecture de l’étude du professeur Séralini.
Ceci dit, la recherche continue au travers d’essais confinés, en attendant de lever les entraves au commerce de ces semences GM. (...)

Acte 4 : le début de la fin ?

Dans l’immédiat, même si Bayer et Syngenta sont présents dans le pays au travers de plusieurs filiales, sur leurs activités traditionnelles (semences, plants, pesticides), seul Monsanto est passé à l’offensive en matière de maïs et coton OGM. 
Le Kenya avance donc sur ce front, non sans une levée de bouclier de la société civile, des associations et des ONG anti-OGM. Des manifestations ont déjà eu lieu. Le terrain à l’évidence ne semble pas aussi facilement acquis qu’en Afrique du Sud qui a largement ouvert ses champs aux semences génétiquement manipulées. (...)

Monsanto déplace son siège au Kenya... et obtient l’aval pour des essais en champ

2016 a aussi vu l’acceptation de la demande faite directement par la filiale kényane de Monsanto pour les essais en plein champs du coton BT (MON15985, gènes Cry 1Ac et Cry 2Ab2. ). Cette dernière a en effet déposé une demande similaire à celle du maïs (mais directement cette fois-ci) en octobre 2015. Après des allers-retours de questions-réponses comme il se doit afin d’obtenir des éclaircissements sur divers points au vu des liasses de résultats des essais confinés et la prise en compte des commentaires de la société civile (elle avait 30 jours pour s’exprimer), le NBA approuve finalement en septembre de cette année la mise en place des essais en champs [11].

Reste à Monsanto à préparer son implantation sur ce marché. (...)

À noter qu’après avoir conquis l’Afrique du Sud où il est désormais le leader du marché des semences, Monsanto a déménagé son siège africain de Johannesburg à Nairobi, capitale du Kenya, en janvier 2015, afin très certainement d’être au plus proche de ses nouvelles zones d’expansion : Kenya, Tanzanie, Éthiopie. (...)