
Le procès de la filière djihadiste de Strasbourg s’est tenu du 31 mai au 7 juin 2016. Présente lors des sept journées d’audience, la sociologue Ariane Jossin nous livre ici son analyse du procès qui pose la question du fonctionnement de la justice et des dispositifs de prise en charge des jeunes « radicalisés » ou de retour du djihad.
Sept anciens djihadistes ont été jugés du 30 mai au 7 juin 2016 pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme. La justice leur a reproché d’être partis en Syrie pour y rejoindre une organisation terroriste : l’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL) et d’y avoir suivi un entraînement au combat armé. Les membres de la filière de Strasbourg étaient au nombre de onze avant leur départ vers la Syrie, à la mi-décembre 2013. L’un d’entre eux a été intercepté en chemin vers la Turquie par son père, deux autres sont morts trois semaines après leur arrivée en Syrie, abattus par une faction rivale à un checkpoint. Un quatrième est revenu deux ans plus tard, afin de participer à l’attaque meurtrière du Bataclan.
Le 6 juillet 2016, la justice a estimé que ces deux à trois mois passés en Syrie au sein d’une organisation terroriste méritaient une peine de 6 à 9 ans d’emprisonnement (dont deux tiers de sûreté), l’appel posé par l’ensemble des avocats de la défense étant susceptible de modifier ces peines. Si ce procès ne manquera pas de susciter des recherches approfondies, que peut-on d’ores et déjà en dire ? (...)