
A l’appel d’une vingtaine d’organisations, deux cents personnes se sont rassemblées dimanche 21 mars sur le port d’Epinal pour défendre l’eau en danger dans les Vosges.
Cette manifestation se situait dans le cadre de la Journée Mondiale de l’Eau, instituée par l’Organisation des Nations Unies en 1993 et célébrée le 22 mars de chaque année, avec comme thème en 2021 "La place de l’eau dans nos sociétés et comment la protéger".
Protéger la ressource en eau, n’est-ce pas d’abord cesser de la détruire ?
Arrêter, arrêter la musique ?
Ce rassemblement citoyen était ouvert à toute forme d’expression culturelle. L’avant-veille, la préfecture a convoqué le déclarant et posé une condition de « sécurité » jusque-là inédite : « A l’exception des prises de parole, les démonstrations musicales ou intermèdes musicaux sont interdits lors de ce rassemblement ».
La légalité de cette mesure reste à démontrer.
En attendant, la manifestation s’est déroulée sans musique amplifiée, sans musique acoustique, sans musicien ! Une première dans notre département, peut-être même en France ? Elle n’est pas belle, la vie en Vosges ?!
Isolément ou en groupes improvisés, les manifestant.es ont modulé leurs prises de paroles avec des sons divers et variés. Des artistes, écrivains et troubadour, ont manifesté leur attachement à l’eau à travers des textes, poèmes, dessins. Bravo et merci à eux !
Jusqu’où les autorités iront-elles avec leurs mesures autoritaires de « sécurité » ? Jusqu’où ira notre laisser faire ?! (...)
En finir avec la marchandisation et la destruction de la ressource en eau !
Il est acquis aujourd’hui que notre ressource en Eau est menacée dans l’ensemble de notre département. Les sécheresses répétitives depuis plusieurs années font prendre conscience à chacune et chacun de la pression qui s’exerce sur cette ressource vitale.
Il faut en finir avec les activités industrielles et agro-industrielles qui s’accaparent la ressource en eau, la détruisent : surexploitation jusqu’à épuisement, pollution des eaux superficielles et souterraines, arrachage des arbres, bétonisation des sols, …
La liste de ces activités est longue dans les Vosges. Sans vouloir être exhaustif, arrêtons-nous à quelques exemples de marchands d’eau, de pilleurs pollueurs. (...)
Ne pas dissocier Eau, Climat et Biodiversité ! (...)
L’eau est un bien commun de l’humanité à transmettre aux générations futures.
Il est urgent de la protéger et d’en assurer une gestion démocratique et citoyenne.
Agir pour l’environnement, c’est aussi agir pour l’emploi durable. (...)
Favoriser une entente des luttes !
Plus d’une vingtaine d’organisations avaient appelé à ce rassemblement (voir la liste dans l’appel à rassemblement).
Dans le Monde Diplomatique de mars, Fréderic Lordon, un intellectuel qui compte, pose cette question : « Comment favoriser l’entente des luttes ? ».
En reconnaissant d’abord que, si nos luttes ont des périmètres différents, elles sont toutes égales en légitimité. Puis en recommandant que la séparation entre elles cède le pas à une attention réciproque. En refusant enfin qu’une lutte puisse nuire aux autres luttes.
Nos luttes, autonomes, se recouvrent plus ou moins.
Avant tout, elles ont en commun de combattre la mainmise des transnationales sur nos ressources qu’elles pillent, polluent, marchandisent, financiarisent, pour leur plus grand profit et aux dépens de l’intérêt général.
Elles ont aussi en commun de s’opposer au Pouvoir (autorités, élus, experts, médias…) au service de ces multinationales. Déni de démocratie, mensonges, conflits d’intérêt, répression, atteintes aux libertés individuelles et collectives, voilà ce que ce Pouvoir essaye de nous faire avaler tous ensemble, oui, tous ensemble. (...)
Ce 21 mars, veille de la Journée Mondiale de l’Eau et aussi Journée Mondiale de la Forêt, deux cents personnes ont répondu à l’appel d’une vingtaine d’organisations pour défendre un bien commun et c’est heureux.
La lutte continue !