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Israël : contraception contre immigration
Article mis en ligne le 8 mars 2013

Des Israéliennes d’origine éthiopienne affirment avoir été forcées à prendre un contraceptif de longue durée, il y a huit ans, afin de pouvoir immigrer en Israël. Y-a-t-il eu volonté d’une politique de contrôle des naissances sur la population juive éthiopienne ?

L’affaire a fait scandale en décembre dernier, après la diffusion à la télévision israélienne d’un documentaire choc dans l’émission d’éducation Vacuum. Dans ce film, 35 femmes éthiopiennes reviennent sur les conditions de leur alya (montée en Israël), il y a huit ans. Elles affirment avoir été forcées à prendre du depo provera, un contraceptif de longue durée, faute de quoi elles n’étaient pas autorisées à immigrer en Israël.

Selon leurs témoignages, les injections avaient lieu dans des camps de transit, en Ethiopie. Parmi les diverses organisations juives sur place, le Joint (American Jewish Joint Distribution Committee) les aurait incitées à prendre ce contraceptif. Certaines racontent qu’elles étaient « effrayées » et qu’on leur faisait croire qu’il s’agissait d’un vaccin. (...)

Après la diffusion du documentaire de Gal Gabbay, le Joint (American Jewish Joint Distribution Committee) ainsi que le gouvernement israélien ont nié toute politique de contrôle des naissances parmi les 120.000 Ethiopiens qui ont émigré en Israël depuis 1973. Ce n’est qu’en 1975 que l’Etat hébreu reconnaît la judaïté des juifs d’origine éthiopienne, leur permettant ainsi de bénéficier de la « loi du retour », qui permet à tout juif d’immigrer en Israël. L’Etat hébreu a organisé plusieurs grandes vagues d’immigration depuis l’Ethiopie. (...)

Six semaines plus tard, le professeur Roni Gamzu, directeur général du ministère israélien de la Santé, adresse une lettre à tous les gynécologues du pays. Il leur demande de ne pas renouveler les prescriptions du contraceptif aux femmes d’origine éthiopienne. Le gouvernement souligne alors que cette consigne « ne constitue pas une prise de position ni un constat des faits » au sujet de cette contraception forcée. (...)

pour les organisations israéliennes de défense des droits de l’Homme, cette lettre prouve que le gouvernement était au courant de cette pratique. (...)

Dans l’afaire du Depo-Provera, plusieurs victimes ont annoncé vouloir porter plainte contre les autorités israéliennes. L’Etat hébreu vient de son côté d’ordonner une enquête.