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ONU Femmes
Féminicides : Interview de Muriel Salmona, psychiatre experte en mémoire traumatique
#violencesconjugales #feminicides
Article mis en ligne le 26 mars 2023

Le terme féminicide est très récent. En France on ne l’utilise que depuis 2019, alors que nous le demandions depuis longtemps.
Concernant les types de féminicides, on distingue les féminicides liés aux crimes sexuels, les féminicides liés aux crimes d’honneur, et ceux liés à la dot, auxquels nous sommes très peu confronté.e.s en France. Il existe aussi les féminicides dans le cadre de la prostitution et ceux envers les filles au moment de leur naissance.

2. Quels sont les signes d’alerte qu’une victime de féminicide ou son entourage peuvent émettre ?
Les signes d’alerte sont liés à des éléments qui peuvent être évidents mais qui ne sont parfois pas questionnés par l’entourage et les professionnel.le.s. : « Avez-vous eu peur de mourir ? Vous a-t-il menacé de mort ? Y a-t-il déjà eu des tentatives de meurtre ? ». (...)
Si nous leur posons la question : « Ca va ? », elles répondent : « Oui ça va, je gère ». Si nous insistons, elles peuvent dire : « Moi, il peut me tuer, ce n’est pas grave ». Ces femmes sont complètement anesthésiées par rapport à elles-mêmes. (...)
L’un des impacts de cette violence est aussi l’interaction qu’une victime a avec la ou le professionnel.le. Le manque d’émotion des victimes suscite la panique chez sa ou son interlocuteur.rice. Cependant, les victimes peuvent parfois parler en étant tellement traumatisées que personne n’accorde d’importance à leur parole.
3. Quels sont les conséquences physiques et psychologiques d’une victime de violences ou de tentative de féminicide ? Quels types de traumatisme peuvent laisser ces violences ? (...)
Si enfin elle peut être protégée, tous les mécanismes de dissociation s’arrêtent. Elle va dans ce cas revivre les pires moments, avoir des crises de panique, penser qu’elle ne peut pas vivre sans lui et potentiellement retourner vers son agresseur pour s’anesthésier. Elle peut identifier cela comme de l’amour mais c’est en fait un phénomène dû à la terreur et aux traumatismes. (...)
Un des facteurs importants des violences conjugales est d’avoir subi des violences auparavant, particulièrement dans l’enfance. (...)
On sait que ce facteur multiplie par 16 chez les femmes le risque de subir des violences conjugales et par 14 chez les hommes le risque de les commettre. (...)
Si la justice intervient, si on punit l’homme violent dès le premier signe, on diminue le risque de passage à l’acte mortel. La violence est une drogue. Un homme qui a été violent est traumatisé par sa propre violence et va développer une mémoire traumatique. En voyant la victime, il revit la violence et repasse à l’acte, faisant empirer la situation. (...)
4. Êtes-vous favorable à l’introduction du terme féminicide dans le Code pénal français ? Si oui, quelle est l’importance de la reconnaissance juridique de ce terme ?
La reconnaissance du terme féminicide a une importance symbolique essentielle qui est de reconnaître qu’il s’agit d’une violence systémique, d’un problème de société identifié comme tel. Ce n’est pas une simple délinquance criminelle. (...)