
L’eau, c’est la vie ! Cette expression est devenue un lieu commun. Pourtant, peu d’entre nous en connaissent toute la portée. Les astrophysiciens ne cessent de traquer l’eau dans tout l’univers comme un préalable à l’hypothèse d’une vie extraterrestre. Qui a conscience que toutes les formes de vie que nous connaissons ont été élaborées et testées dans l’eau des océans ? Il y a environ 500 millions d’années, ces animaux, végétaux et autres champignons sont sortis du milieu aquatique et ont colonisé les terres émergées, emportant avec eux les organes nécessaires au captage et à la conservation de l’eau indispensable à leur métabolisme : ainsi les végétaux ont développé des systèmes racinaires qui, en symbiose avec des champignons mycorhiziens, leur permettent de puiser l’eau dans les sols.
Il n’est donc pas étonnant que l’eau exerce une attraction si puissante sur le vivant.
Pour prolonger le contact avec ces eaux vivantes, bénéficier de cette proximité et des multiples fonctions de ces biotopes, il existe un moyen : créer une mare. En fonction de la place disponible, jardin, terrasse ou même balcon (dans un contenant étanche d’une capacité minimale de quelques dizaines de litres), à la campagne ou en ville, il est possible de créer ce point d’eau qui pourra constituer une oasis de biodiversité. L’entreprise est à la portée de tout un chacun. (...)
Dans un jardin, cette petite étendue d’eau dormante, peu profonde, est un élément structurant qui joue un rôle majeur pour la biodiversité et le microclimat du site. Elle va servir d’habitat, de zone de reproduction et d’alimentation à une foultitude d’insectes, vers, mollusques, batraciens, poissons et oiseaux. Au plus fort de l’été, le ballet incessant des insectes et des oiseaux dans les zones peu profondes du plan d’eau en souligne le rôle important. Grenouilles et crapauds, merveilleux auxiliaires des jardins, y trouveront un lieu idéal pour leur reproduction. J’ai pu apercevoir ainsi un martin-pêcheur, perché sur une souche en bordure de mon plan d’eau, déguster un triton qu’il venait d’attraper. Cette masse d’eau constituera aussi une réserve d’humidité au bénéfice de la végétation environnante, au gré des cycles d’évaporation et de condensation. De même, en hiver, la surface de la mare peut réfléchir les rayons du soleil au bénéfice des arbres et des végétaux qui bordent ses rives nord. (...)
Outre l’utilisation de l’eau pour l’arrosage, ou en cas d’incendie (si le volume de la mare est suffisamment important), la récupération de plantes et de sédiments lors des opérations d’entretien constitue, après compostage, une source de biomasse intéressante pour la fertilité du potager. On pourra aussi y cultiver des plantes alimentaires, comme les châtaignes d’eau, ou des plantes décoratives pour la confection de bouquets. (...)
Je n’oublie pas le pouvoir attractif et les vertus pédagogiques qu’une mare représente pour les enfants, et bien souvent les adultes, d’autant plus quand sa découverte est accompagnée par un observateur averti. (...)
En multipliant ces oasis aquatiques, nous luttons efficacement pour atténuer les désordres climatiques et nous installons les conditions nécessaires à l’aggradation des espaces malmenés par les activités humaines. Installer une mare dans son jardin est en ce sens un acte militant, à même de compenser quelque peu l’importante disparition des mares durant ces dernières décennies — 90 % d’entre elles auraient disparu avec l’arrivée de l’eau courante dans les maisons. Enfin, et ce n’est pas le moins important, nous restaurons et revivifions ainsi le lien qui nous unit à la nature (...)
Ne loupez pas la Fête des mares du 28 mai au 5 juin, c’est l’occasion d’échanger sur le sujet et de poser les jalons de votre future oasis !