
Cette semaine, alors que nous avions les yeux rivées sur les événements espagnols, on a entendu en boucle - comme pour chaque mouvement social d’ampleur - de nombreuses personnes répéter "Les médias [sous-entendu "professionnels", ou industriels, ou bourgeois, ou dominants…] ne parlent pas de ce qui se passe en Espagne, c’est dégueulasse / pas étonnant / énervant"…
Il me semble que ces réflexions récurrentes mettent en valeur par ricochet plusieurs éléments problématiques sur notre rapport aux médias, quels qu’ils soient.
– Certaines limites des médias alternatifs, une incapacité à produire ou agréger l’information attendue par les personnes qui s’intéressent à une mobilisation,(...)
– Une consommation de l’information par les militantEs / sympathisantEs. Les personnes qui se sentent proches de ce mouvement se contentent globalement de s’informer passivement ou, au mieux, de relayer les informations qui leur parviennent de manière éparpillée.(...)
– Une autonomie qui reste à construire. Voir une mobilisation d’une telle ampleur dans un pays si proche de nous et dans le même temps si peu d’information relayée dans ces médias a de quoi être rageant. Leur désintérêt ponctuel ou régulier pour les mobilisations sociales, quand ce n’est pas de l’hostilité pure, fait toujours l’effet d’une giffle. Et nous rappelle que nous ne pourrons jamais que compter sur nous-mêmes pour produire et diffuser l’information dont nous avons besoin(...)
Une addiction à la presse industrielle : chaque article intéressant écrit publié dans les médias industriels, chaque reportage diffusé à la télé nous fait l’effet d’un gros shoot (en tout cas à pas mal de monde). Nous nous sentons importantEs, on a l’impression qu’enfin le monde entier va savoir (et changer). On se met alors à attendre le prochain article, qui n’arrivera peut-être jamais(...)
– Nous ne devons pas laisser l’information qui est pour nous déterminante aux mains des industriels. Ils feront peut-être quelque chose de bien, peut-être pas. Au final ce n’est pas le plus important. Par contre, les personnes qui sont le plus concernées par ces mobilisations (qu’elles en fassent partie ou qu’elles en soient solidaires) doivent s’approprier les moyens d’information alternatifs, les améliorer, les critiquer si nécessaires ou en mettre d’autres en place.
(...) Wikio