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Le Monde
« Ils vous écraseront comme un insecte » : comment la Silicon Valley fait régner la loi du silence
Le « Guardian » publie une enquête édifiante montrant comment les géants de la tech font en sorte que rien ne fuite d’entre leurs murs.
Article mis en ligne le 19 mars 2018

Tables de ping pong, canapés moelleux, bars à smoothies… La plupart des géants de la tech rivalisent d’inventivité pour transformer leurs sièges sociaux en espaces de travail ultramodernes où il fait bon vivre. Le but : stimuler l’innovation en chouchoutant les employés. Voilà pour la façade. Mais derrière ce cadre idyllique se cache une culture du secret poussée à l’extrême. Et gare à ceux qui brisent la loi du silence. (...)

Facebook a ainsi mis en place une équipe de « chasseurs de taupes ». « Ce qu’ils savent sur toi est terrifiant », affirme un ancien salarié sous couvert d’anonymat. Accusé d’avoir divulgué des informations anodines à la presse, ce dernier a été confronté à ce qu’il appelle « la police secrète de Mark Zuckerberg », le patron de l’entreprise. Ses employeurs savaient tout, dit-il : les enregistrements d’une capture d’écran qu’il avait prise, les liens sur lesquels il avait cliqué… Ils lui ont aussi expliqué qu’ils avaient eu accès à sa conversation par tchat avec le journaliste.

Travailler chez Google, c’est faire partie d’un clan
Officiellement, cette surveillance – et les menaces de poursuites judiciaires qui vont avec – sert à détecter et prévenir la violation des droits de propriété intellectuelle. Mais, dans les faits, elle sert aussi à empêcher les employés de parler librement en public, y compris de leurs conditions de travail.

Si Apple entretient avec ferveur le culte absolu du secret, à l’inverse, des entreprises comme Google et Facebook prétendent, elles, jouer la carte de la transparence avec leurs salariés. Ainsi, Mark Zuckerberg organise chaque semaine une réunion pour faire le point sur sa stratégie et parler de ses nouveaux projets devant des milliers d’employés. Mais cette confiance a un prix : trahissez-la, et « ils vous écraseront comme un insecte », résume l’ex-salarié à l’origine de fuites. (...)

Le silence des salariés peut aussi être récompensé par des primes annuelles. Mais surtout, comme le résume Justin Maxwell, un ancien de chez Google, « vous ne ferez jamais quelque chose qui bousillerait les chances de succès de l’entreprise parce que vous serez directement affecté ». Travailler chez Google, c’est aussi, en quelque sorte, faire partie d’un clan, d’une communauté.

« Pièges à souris »

James Damore, licencié en août de Google après avoir diffusé en interne un manifeste sexiste, pense même avoir été espionné au cours de ses derniers jours au sein de l’entreprise. (...)

Concernant Facebook, le Guardian a eu accès au contrat de travail d’un modérateur européen garantissant à l’entreprise le droit de surveiller et d’enregistrer ses activités sur les médias sociaux, y compris sur son compte Facebook personnel, mais aussi ses e-mails, ses appels téléphoniques et son utilisation d’Internet de manière générale. Ce salarié pouvait également être soumis à des fouilles personnelles aléatoires, incluant son sac ou sa voiture. (...)