
« En Corse, il existe deux problèmes qui n’ont apparemment rien à voir.
– 1 : les pollutions entraînées par les fromageries corses sont 20 fois supérieures aux pollutions domestiques.
– 2 : l’île manque d’énergie ».
« Deux ingénieurs qui exercent en Corse sont en train de résoudre ces deux problèmes avec une unique solution qui devrait être mise en place dans les années à venir. En effet, grâce à un procédé de leur invention actuellement testé à la fromagerie « A Pecurella », à Alata, aux portes d’Ajaccio, ils vont transformer les effluents polluants du lait utilisé par la fromagerie, d’abord en bio gaz puis en électricité.
(...) pour l’instant, ce qui est établi, c’est que l’on peut produire de l’électricité avec du lait. Ce qui est déjà une nouvelle. (...)
Il y a une dizaine d’années, 2AE est sollicité par la fromagerie A Pecurella qui cherche un nouveau moyen pour traiter ses effluents qu’elle se contente d’épandre dans un champ, à quelques centaines de mètres de ses locaux. La plupart des fromageries corses font la même chose puisqu’elles ne peuvent pas confier leurs déchets liquides à des stations d’épuration sous peine de les endommager. Ce qui en dit long sur la toxicité de ces rejets liquides et organiques. Dans un premier temps, 2AE n’a pas de solution. Puis, compte tenu des besoins au niveau régional et de l’incapacité de réaliser les importantes installations réclamées pour ce type de travail, Mannoni et Böhm débutent un programme de recherche qui a pour but de traiter de petits volumes (120 à 150 m2 par jour) pouvant revenir relativement peu cher.
Un premier programme est étudié à la faculté de Caen, où travaille Böhm, et un procédé finalement breveté est lancé par « ID Tech environnement » en 2008. Le principe du procédé utilisé permet de retenir toutes les matières en suspension et les micro-organismes, tout cela de manière chimique. Et la première installation est construite à côté de la fromagerie « A Pecurella » où les tests vont continuer pendant encore quelques mois avant que la machine fonctionne à plein régime, d’ici un an à peu près. En produisant du gaz puis de l’électricité. Les travaux seront financés à 70 % par divers organismes dont l’ADEC et l’ADEME. Et le processus devrait être rentable d’ici trois ans. (...)
les "professeurs Tournesol" de la Pecurella ne s’en tiennent pas là puisqu’ils envisagent de fabriquer eux-mêmes les petits tuyaux de plastique sur lesquels s’accrochent les bactéries dans leur réacteur anaerobie à lit fixe couplé à une unité de séparation membranaire. Des bouts de plastique à l’allure anodine fabriqués sous licence américaine qu’ils achètent à prix d’or à une entreprise allemande. Tout cela afin de faire encore des économies et de créer de l’emploi. Après avoir participé notablement à la dépollution de la Corse et au renforcement de son système énergétique ».