
MSF est engagée dans la réponse humanitaire en Grèce depuis plus de quatre ans. En mars 2016, l’UE et la Turquie ont convenu d’un accord visant à contenir les demandeurs d’asile sur les îles grecques afin de déterminer s’ils pouvaient demander l’asile en Europe ou s’ils devaient être renvoyés en Turquie. Depuis, des milliers de personnes doivent attendre des mois, voire des années, dans des conditions épouvantables. Ils vivent dans des centres surpeuplés, entraînant une détérioration de leur état de santé physique et mentale.
LETTRE OUVERTE
« Je viens de rentrer des îles grecques et je suis choqué par ce que j’ai vu et par les récits de mes collègues sur le terrain.
Ils m’ont parlé d’un garçon de 12 ans qui est venu dans notre clinique de Moria, à Lesbos, après s’être mutilé le visage à plusieurs reprises avec un couteau. Ils m’ont également raconté l’histoire d’une fillette de 9 ans gravement blessée par l’explosion d’une bombe en Afghanistan. Elle souriait lorsqu’elle est arrivée en Grèce. Mais au fil des mois qu’elle a passés piégée à Lesbos, elle a cessé de parler, de manger et s’est complètement éteinte.
Ces personnes ont survécu à la guerre et à la persécution, mais des mois passés dans des endroits insalubres comme le camp de Moria ont poussé beaucoup de nos enfants malades au bord du gouffre, à se faire du mal et à penser au suicide.
C’est pour ces enfants et pour toutes les personnes que les politiques européennes continuent de piéger dans les îles grecques que je témoigne aujourd’hui.
(...)
La situation est comparable à celle que nous observons après des catastrophes naturelles ou dans des zones de guerre dans d’autres parties du monde. Il est scandaleux de voir ces conditions en Europe et de savoir qu’elles résultent de choix politiques délibérés.
Il faut d’urgence arrêter cette folie.
En tant que médecin qui représente une organisation humanitaire, je suis choqué de voir que ces souffrances sont normalisées et justifiées par les gouvernements européens, comme s’il s’agissait d’un prix acceptable à payer pour empêcher ces personnes d’entrer en Europe. (...)
Nos équipes ne peuvent pas faire grand-chose pour mettre fin à ce cycle de souffrances - nous n’en avons pas les moyens.
La solution est entre les mains des Etats européens qui doivent trouver la volonté politique d’agir maintenant.