
Après une grève de la faim de 25 jours en soutien aux migrants de Calais, le père Philippe Demeestère, jésuite de 72 ans, a décidé de profiter du temps de l’Avent pour dormir dans la « jungle » auprès des exilés. La Croix l’a accompagné dans un campement érythréen.
La dernière fois, il y a eu une tempête. Cette nuit, il est possible qu’il grêle. Et alors ? Ce mercredi 8 décembre au soir, un peu plus d’un mois après sa grève de la faim, le père Philippe Demeestère, jésuite de 72 ans, aumônier auprès du Secours catholique de Calais, se prépare à aller dormir dehors auprès des exilés, pour la cinquième fois depuis le début de l’Avent.« Après Tartarin de Tarascon en grève de la faim, voici Tartarin de Tarascon qui dort dans la Jungle ! », lance-t-il. (...)
Chevelure et barbe blanches, lunettes rondes, regard malicieux, sourire presque bravache, le père Demeestère ne déteste pas l’autodérision. En attendant, il est déjà 20 heures passées, « il faut se presser un peu, là ». Aller plier la tente qui est encore en train de sécher. Prendre le duvet. Enfiler les bottes. Anorak. Bonnet. Gants. Clés de voiture. C’est parti.
Direction « BMX », un terrain vague situé près du stade de vélo bicross, où sont installés quelques dizaines d’Érythréens. Il fait nuit noire. Et bien froid quand on n’a ni manteau chaud, ni gants, ni chaussettes. Au loin, quelques ombres se réchauffent autour de plusieurs feux, qui éclairent la nuit de leurs rougeoiements. Tenant sa tente et son duvet chacun dans une main, le père Demeestère zigzague entre les flaques pour les rejoindre. « Bonjour, bonjour. » Les jeunes gens qui entretiennent les braises hochent la tête et sortent des cagettes en plastique pour inviter les arrivants à s’asseoir. (...)