
À l’initiative de la France, l’Assemblée générale des Nations unies adopta le 26 novembre 2013 une résolution portant sur la sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité. Elle fait du 2 novembre la « Journée internationale pour mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes ». La date fut choisie en hommage à Ghislaine Dupont et à Claude Verlon, journalistes de RFI assassinés au Mali le 2 novembre 2013.
Entre 2006 et 2019, près de 1200 journalistes périrent pour avoir rapporté l’actualité et apporté des informations au public. Dans neuf cas sur dix, les auteurs des violences contre les journalistes restent impunis. Cette impunité entraîne d’autres meurtres et est souvent un symptôme de l’aggravation des conflits et de l’effondrement de l’Etat de droit. (...)
Un appel à la prise de conscience
Des procureurs de huit pays où des journalistes ont été victimes de crimes de sang lancent conjointement un appel inédit, « l’Appel du 2 novembre contre l’impunité des crimes visant les journalistes ». Et ce, pour provoquer une prise de conscience à l’échelle internationale et de mobiliser les justices internationales et nationales sur ces questions.
Les premiers signataires de l’Appel du 2 novembre travaillent au Brésil, au Mexique, en Gambie, en République Démocratique du Congo, au Congo Brazzaville, au Royaume Uni, en Slovaquie et en Serbie. Cet appel reste ouvert à signature. (...)
Ils marquent leur détermination à préserver l’indépendance et l’impartialité de leurs enquêtes, à protéger les journalistes et à collaborer avec leurs homologues étrangers.
Chaque engagement détaille les actions à mener. En premier lieu, les signataires s’engagent à résister aux pressions de toutes sortes. Les procureurs s’engagent également à mener des enquêtes « impartiales, rapides, approfondies, indépendantes et efficaces ». Les signataires prennent encore l’engagement d’évaluer de façon systématique le lien entre le crime et l’activité journalistique de la victime, et de collaborer avec leurs homologues internationaux et de pays étrangers dans les enquêtes ayant une dimension transnationale. (...)
plus de 1 000 journalistes et collaborateurs des médias ont été assassinés dans le monde depuis 2010, 118 sont portés disparus depuis 2016, et près de 90 % des crimes commis contre les journalistes restent impunis selon l’UNESCO.
Antoine Bernard, Directeur du plaidoyer et de l’assistance de RSF, décrit : « Les entraves à l’action des procureurs sont fréquentes dans ces dossiers sensibles touchant à des sujets d’intérêt public majeur. Il est fréquent de découvrir comme au Mexique que le lien entre l’assassinat et l’activité journalistique de la victime n’a jamais été l’objet d’une enquête sérieuse. Les procureurs doivent être en mesure d’enquêter sans mettre en péril leur propre vie, celle de leur famille ou leur carrière. » (...)
Dans un contexte de multiplication et d’intensification des crises, les journalistes sont de plus en plus pris pour cible. Torture, disparitions forcées, détention arbitraire, intimidation, harcèlement, violences et assassinat figurent parmi les principaux risques qu’ils encourent quotidiennement.
En outre, partout dans le monde, les femmes journalistes et les professionnelles des médias sont confrontées à des attaques en ligne et hors ligne qui mettent leur sécurité en danger.