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Le Monde
« Héberger des migrants, ça a changé ma vie »
Article mis en ligne le 3 août 2020

Touchés par le sort de jeunes réfugiés contraints de dormir dans la rue, des citoyens ordinaires leur ouvrent la porte de leur domicile. Ils racontent au « Monde » cette expérience.

En France, un demandeur d’asile sur deux n’est pas hébergé, faute de capacité dans le dispositif national d’accueil. Le 115 est, lui aussi, saturé.

En plein centre de Paris, dans un petit square, autour de 70 jeunes se réclamant mineurs, vivent aussi sous tente depuis un mois. Ils viennent en majorité d’Afrique de l’Ouest (Guinée, Mali, Côte d’Ivoire) et ont migré seuls en Europe. Lorsque les départements dont relève l’Aide sociale à l’enfance (ASE) ne les reconnaissent pas mineurs – à l’issue d’un entretien souvent sommaire –, ils ne font l’objet d’aucune prise en charge, malgré leurs recours devant le juge des enfants. (...)

Cette réalité a suscité ici et là des élans de solidarité de simples citoyens, épaulés parfois par des associations. (...)

Pascale et Bertrand Cohen, 58 ans, Paris

« Ça a changé ma vie. » Pascale Cohen se souvient du jour où elle a décidé de participer à des distributions de repas pour des mineurs isolés étrangers. Cela faisait quelque temps qu’elle entendait Manuela, avec qui elle chante dans une chorale du 11e arrondissement, parler de ces jeunes tout juste arrivés à Paris et qui, faute d’être reconnus mineurs, se retrouvent à la rue.

Manuela est très investie dans l’association Les Midis du Mie, qui aide ces jeunes. Pascale Cohen suit d’abord son engagement de loin, puis saute le pas à son tour. Fille de déporté, elle a toujours entendu son père lui raconter des histoires d’enfants juifs dont les parents avaient été envoyés dans les camps de concentration. Cette histoire familiale l’a marquée. « J’ai toujours eu envie de faire quelque chose en faveur des enfants », confie-t-elle. Son mari, Bertrand, a lui « un rapport à la migration particulier ». A 5 ans, avec sa famille, il a fait partie de ces juifs qui ont massivement dû quitter la Tunisie, dans le climat d’hostilité des années 1960. (...)