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Hébergement solidaire de mineurs en Bretagne : "Ici, j’ai trouvé une nouvelle famille"
Article mis en ligne le 9 février 2020
dernière modification le 8 février 2020

Depuis 2018, plus de 70 migrants mineurs non accompagnés ont été mis à l’abri chez des hébergeurs solidaires en France grâce au programme “Accueillons” mené par Utopia 56 et Médecins sans frontières (MSF). C’est le cas de Samba Cissé, un jeune malien de 16 ans, accueilli depuis neuf mois au sein d’une famille à Riantec, en Bretagne. Dans la chaleur de ce nouveau foyer, le garçon a trouvé un “cocon”, avant un avenir encore incertain. Reportage.

(...) Parti du Mali après avoir gagné un peu d’argent avec des petits boulots, il a pris la route de l’exil, seul, pour la Mauritanie puis pour le Maroc. C’est depuis Nador, au nord-est du Maroc, qu’il est monté dans un canot pour l’Europe. Ce trajet en mer reste un traumatisme vif : alors que l’embarcation, percée, dérivait, un de ses compagnons de route s’est noyé. “On s’était promis de rester ensemble, quoiqu’il arrive”, souffle-t-il. Lui et les autres passagers seront sauvés près d’une heure plus tard par un navire humanitaire et débarqués à Almeria, au sud de l’Espagne. “Je ne voulais pas rester en Espagne”, continue Samba, expliquant comment il a pris un bus pour Bayonne, puis pour Paris.
"Au début, j’avais peur d’aller en famille"

Arrivé dans la capitale française en novembre 2018, Samba, qui assure avoir 16 ans, a dû se tourner vers le Demie 75, géré par la Croix-Rouge. C’est cette structure qui est chargée d’évaluer l’âge des jeunes mineurs isolés étrangers et de décider si oui ou non ils peuvent être pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Mais sa minorité a été remise en cause, et le jeune homme s’est retrouvé à la rue.

Son chemin a finalement croisé celui de bénévoles, qui l’ont accompagné à Médecins sans frontières (MSF). Grâce à cette ONG, il a pu rejoindre le programme “Passerelle”, qui permet à des jeunes comme lui, non reconnus mineurs, d’être mis à l’abri pendant quelques semaines au sein d’un hôtel, à Neuilly-Plaisance, en région parisienne. Pendant cette période, les équipes de MSF effectuent un bilan médical et administratif des jeunes, et les aident à déposer un recours en bonne et due forme pour faire reconnaître leur statut d’enfant.

Une fois ces démarches finalisées, ils quittent l’hôtel et sont accueillis dans des familles bénévoles du réseau d’hébergement solidaire "Accueillons", monté en partenariat avec l’association Utopia 56. Ils peuvent alors suivre le cours de leur procédure, au chaud, sous un autre toit. (...)

S’il est déclaré mineur, Samba pourra rejoindre une structure de l’Aide sociale à l’enfance. Laurence appuie en ce sens et aimerait qu’il soit placé dans le même secteur. Elle a monté un dossier pour expliquer sa progression en français, son investissement sans faille à l’école et les opportunités qui pourraient s’ouvrir à lui en cas de poursuite de sa scolarité. Il a notamment quelques pistes pour continuer son cursus en apprentissage.

Samba, lui, la tête baissée, n’évoque pas tous ces projets, trop incertains. Il n’évoque pas non plus son départ de chez Laurence. Il évoque encore moins la possibilité d’être finalement reconnu majeur. Si c’était le cas, il se retrouverait en situation irrégulière et pourrait faire l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Ce soir là, il est trop tôt pour en parler. Après le dîner, il se couchera tôt, comme à son habitude. Le lendemain, il ira à l’école, apprendra de nouveaux mots, les recopiera dans ses cahiers. En rentrant, il ira très certainement s’attabler à son bureau, devant ses devoirs. Il profitera encore un peu de ce rare moment de stabilité, de répit.