
Deux artistes de la formation musicale Grup Yorum sont en grève de la faim depuis près de neuf mois pour protester contre le harcèlement judiciaire que leur fait subir le régime d’Erdogan.
P rendre cette décision n’a pas été si difficile au vu de ce que nous vivons chaque jour. Nos instruments et notre musique sont systématiquement détruits. Nos concerts interdits. Nos noms inscrits sur des listes terroristes, et nous sommes emprisonné·es. Bien sûr, nous voulons vivre. Mais parfois il faut être prêt à mourir pour se tenir débout. » Ibrahim Gökçek a été libéré de prison il y a quelques jours pour raisons médicales et placé en résidence surveillée à Istanbul. L’homme ne pèse plus que 42 kilos. Il survit grâce à une vitamine qui lui permet de protéger son cerveau et l’ensemble de son système nerveux. Il dit ne pas souffrir, sauf peut-être des pieds.
Ce 5 mars, cela fait 262 jours que le bassiste de la célèbre formation musicale turque Grup Yorum poursuit son « jeûne de la mort ». Helin Bölek, l’une des chanteuses, en est au 259e jour. Ces dernières semaines, à mesure que leur état se dégrade, le titre de leur dernier album, Ille Kavga, résonne autrement. En français : « Lutter quoi qu’il arrive ». Sur la pochette, la photo d’une dizaine d’instruments de musique saccagés après une énième descente policière au centre culturel d’Idil, dans le quartier stambouliote d’Okmeydani, où les membres se retrouvent pour travailler. (...)