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Grève à i-Télé : la brutalité de Vincent Bolloré et de ses affidés
Article mis en ligne le 20 novembre 2016
dernière modification le 19 novembre 2016

Le mercredi 16 novembre, les salarié-e-s d’i-Télé, en grève depuis 31 jours, ont voté la reprise du travail. De leur aveu même, les revendications portées par leur mouvement sont loin d’avoir été satisfaites, à un point tel que le protocole d’accord négocié avec la direction n’a pas été soumis au vote de l’assemblée générale car jugé « humiliant ».

« Négocié » est d’ailleurs un bien grand mot, tant les dirigeants de la chaîne ont fait preuve de surdité, pour ne pas dire de mépris, à l’égard des grévistes et de leurs exigences. Le « management » de cette grève, de la part de la direction, est à l’image du « management » à la Bolloré : arrogance, brutalité et politique de la terre brûlée. (...)

Désinformation, communiqués méprisants, refus de recevoir les grévistes, déménagement de bureaux en pleine grève, en mettant au passage les affaires de certain-e-s salarié-e-s à la poubelle, désactivation des badges des pigistes pour les empêcher d’entrer dans les locaux et de participer aux assemblées générales… Rien n’aura été épargné aux grévistes, qui ont pourtant tenu bon pendant 31 jours, soit la plus longue grève dans l’audiovisuel français depuis mai 1968.

Il est désormais établi, pour ceux qui en doutaient encore, que la direction ne poursuivait qu’un seul objectif : briser la grève et démoraliser les grévistes, quitte à provoquer des dizaines de départs et à mettre en péril la santé physique et mentale des journalistes et technicien-ne-s de la chaîne. (...)

Information et journalistes en danger

Nous sommes de ceux qui nous inquiétons depuis longtemps de la mainmise sans cesse croissante de quelques grands groupes et grandes fortunes sur la quasi-totalité du paysage médiatique en France. Des phénomènes de concentration non seulement dangereux pour le pluralisme mais en outre particulièrement alarmants pour qui se préoccupe de la qualité des contenus et des conditions de travail des salarié-e-s des médias (...)

le moins que l’on puisse dire est que le gouvernement Valls (comme celui de son prédécesseur) n’a pas fait grand chose pour aller contre les tendances préoccupantes à l’œuvre dans les médias, qu’il s’agisse des phénomènes de concentrations et de financiarisation, d’ingérence des actionnaires et des hiérarchies ou de protection des journalistes. Le CSA continue ainsi d’être « un simple relais du pouvoir exécutif, cantonné à la régulation de l’audiovisuel dans une définition désormais archaïque » [7], tandis que la « Loi Bloche », présentée par le gouvernement comme une formidable avancée pour les journalistes, est en réalité au-dessous de tous les enjeux actuels [8], au point que le Syndicat national des journalistes (SNJ) a récemment écrit qu’elle « éclate l’éthique professionnelle en imposant autant de chartes que d’entreprises [et] fragilise la protection des sources au prétexte de la renforcer » [9]. (...)

Jusqu’à quand va-t-on laisser Vincent Bolloré et les autres médiavores s’amuser avec les médias comme s’ils étaient en train de jouer au Monopoly, au mépris de la qualité des contenus, de l’indépendance des rédactions et des conditions de travail des salarié-e-s ?

Il est temps de prendre des mesures radicales pour que cesse ce jeu de massacre, véritable poison pour la démocratie (...)