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Grèce : en chemise de nuit, sans le sou et sans nourriture, les migrants éperdus de Moria
Article mis en ligne le 11 septembre 2020

« Moria, ça ne va pas, voilà. Il y a eu l’incendie. Du feu partout. Ça a brûlé partout, les vêtements, tout, tout, tout, tout… Tout ce qu’on avait comme habits, papiers, tout a été brûlé. Et maintenant là, nous sommes ici. »

« Ici » pour Carl, un Congolais de 29 ans, cela correspond à la route aux abords d’un hypermarché Lidl, proche de l’entrée de Mytilène, la capitale de Lesbos. Un hypermarché dont les portes sont à présent closes. Avec Olivier son compatriote, qui souligne qu’ils n’ont « rien à se mettre sous la dent », Carl fait la queue pour la première distribution de nourriture organisée par l’armée devant l’enseigne alimentaire. De l’eau, des œufs, du pain et quelques fruits, originellement destinés au camp de Moria, calciné par les flammes. Désabusé, Carl regarde d’autres demandeurs d’asile se jeter sur les victuailles, dans une atmosphère de cohue.

« C’est la radio, il n’y a pas les images. Ce qui se passe ici, c’est vraiment inhumain, vraiment. Voilà, on nous laisse comme ça, la nourriture comme ça, pour 12 700 personnes pour se servir de nourriture et ce n’est pas normal comme ça, il n’y a pas d’organisation pour faire bien les choses. »

Sur la même route, à quelques kilomètres de là, où tout autant, voire plus de réfugiés sont regroupés, aucune distribution de nourriture n’a en effet été mise en place depuis l’incendie.

(...) « J’étais à la section où on loge les femmes seules. Pendant que je dormais, tout le monde est sorti et nous sommes restées trois dans la chambre. Et puis il y a des policiers qui sont venus : "sortez, sortez, sortez", ils parlaient en anglais, "go, go, big fire, big fire" ! Je n’ai rien pris, ce n’est que la robe de nuit que j’avais, directement je suis vite sortie et il y avait le feu qui venait. On a fui et nous avons passé la nuit à la belle étoile, aujourd’hui ce sera le troisième jour… Pas mangé… Même pas de l’eau à boire… Je ne sais pas si l’Union européenne dort, si elle ne regarde pas, si elle n’a pas souci des gens… non, je ne sais pas. » (...)

Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, a profité du sommet européen Med7, qui se tient en Corse, pour renouveler l’appel d’Athènes à davantage de solidarité européenne sur cette question de la pression migratoire et des demandeurs d’asile. Rappelant que ce qu’il qualifie de « poids insupportable » est avant tout un « problème européen ».

« Aujourd’hui », a-t-il précisé, « l’Europe doit passer des paroles de soutien aux actes de solidarité, pour réussir là où nous avons malheureusement échoué par le passé ». Une Europe, que les demandeurs d’asile appellent également à longueur d’interview, à adopter des politiques migratoires plus humaines.