
Le nouveau gouvernement a commencé à appliquer son programme mais dit refuser une logique d’affrontement avec l’Europe. La bourse d’Athènes dévisse.
Frapper vite et fort. Le gouvernement d’Alexis Tsipras, à peine installé, a confirmé sa détermination à appliquer le programme qui l’a porté au pouvoir. Arrêt des privatisations, hausses des minimas sociaux, réengagement des travailleurs publics licenciés, retour des étudiants exclus des universités après le durcissement de la loi... le message envoyé par le premier conseil de ministre de l’exécutif dominé par Syriza a mis le feu à la bourse d’Athènes qui a dévissé de 9,2%, emportée par la chute des valeurs bancaires. La gauche grecque a aussi voulu rassurer ceux qui s’étonnaient de la voir alliée à la droite nationaliste, en annonçant l’instauration du droit du sol, soit le droit à la nationalité pour les fils de migrants nés en Grèce.
Alléger la dette
« Nous sommes un gouvernement de salut national », prêt à « verser son sang » pour rétablir « la dignité des Grecs ». Le chef du gouvernement a rappelé que les électeurs lui avaient confié pour mandat de mener des changements radicaux. « Nous n’entrerons pas dans un affrontement mutuellement destructeur, mais nous ne poursuivrons pas une politique de soumission », a-t-il poursuivi. Il a dit s’attendre à des « discussions productives » demain avec le président de l’Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem. Martin Schulz, président du parlement européen, sera toutefois le premier dignitaire étranger à venir rencontrer M. Tsipras, aujourd’hui.
« Notre but est de négocier un allègement de dette », a précisé Alexis Tsipras. Et la lutte contre le chômage, qui touche 25% de la population active, sera l’autre priorité de son action, a-t-il poursuivi, promettant encore de mettre un terme au clientélisme. Il a indiqué que son gouvernement travaillerait à des budgets à l’équilibre sans chercher pour autant à dégager des « excédents irréalistes » pour assurer le service de la dette, qui dépasse 175% du produit intérieur brut du pays.
Le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, a annoncé qu’il rencontrerait ses homologues européens dans les jours à venir. Il souhaite parvenir à un « nouveau pacte » tout en évitant de sombrer dans un « duel » entre l’Europe et la Grèce.
Privatisation du Pirée arrêtée
Parmi les annonces les plus concrètes, l’arrêt de la privatisation du port du Pirée est la plus importante. (...)
Promis à une société chinoise, ce port est le premier d’un pays dont l’économie est largement tournée vers la mer. La compagnie nationale d’électricité, DEI, échappe également à la vente.
Le gouvernement a également dit son intention de faire voter une loi destinée à améliorer le niveau de vie des Grecs, notamment en relevant le salaire minimum et en mettant fin à l’obligation de mobilité dans les services publics imposée par la troïka des créanciers du pays (UE, BCE, FMI). (...)