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Grèce : L’expert des Nations Unies sur la dette recommande que les travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique grecque soient poursuivis
Article mis en ligne le 15 décembre 2015
dernière modification le 14 décembre 2015

(...) Lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il a fait part des conclusions de sa visite en Grèce, M. Bohoslavski, invité à prendre position au sujet de la décision de l’actuel Président du Parlement M. N. Voutsis de supprimer la Commission pour la Vérité sur la dette publique grecque, a déclaré que l’initiative de la précédente Présidence était « extrêmement importante ». « Dans ce contexte, a-t-il dit, je recommande que la Commission poursuive ses travaux ».

M. Βοhoslavski fait explicitement référence à la Commission dans son rapport de conclusions et de recommandations sur la crise en Grèce et les droits humains, rapport qui va être soumis au Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies. Dans ses conclusions, il fait allusion aux travaux de la Commission pour la Vérité sur la dette publique grecque ; une Commission dont la création avait été recommandée par son prédécesseur, Cephas Lumina, ce dernier ayant d’ailleurs participé aux travaux de cette Commission. M. Bohoslavski a notamment déclaré : « Même si la dissolution de cette Commission est très récente, je crois que ses travaux doivent être poursuivis… ».

Cette déclaration –quasiment une incitation – de l’expert des Nations Unies est extrêmement importante si l’on considère l’hostilité avec laquelle ladite Commission a été traitée par les grands médias et la décision de N. Voutsis, nouveau Président du Parlement grec, de la supprimer sans présenter aucune argumentation, dans le cadre du revirement complet du gouvernement Tsipras. Il ne faut pas oublier que cette même Commission avait été regardée favorablement à ses débuts par le Premier Ministre actuel, Alexis Tsipras, qui était présent au moment de la session inaugurale de ses travaux tenue le 4 avril 2015, au cours de son premier mandat « radical », et qu’elle avait bénéficié du prestige du Président de la République, P. Pavlopoulos, présent lors de son inauguration, ce qui avait donné l’occasion à de nombreux groupes et membres de la gauche anti-capitaliste de fortement critiquer son utilité.

Il y a aussi une autre raison pour laquelle la déclaration de M. Bohoslavski est très importante… Les Nations Unies ont mentionné dans de très nombreuses déclarations que le respect de ses obligations par un Etat Membre (en matière d’éducation, de santé, etc.) prévalait sur toute obligation de remboursement d’une dette publique, en particulier lorsqu’il était question de crise humanitaire.

Des déclarations que certains ministres du gouvernement actuel connaissent bien de par leur qualité de juriste. (...)

M. Bohoslavski a aussi invité le gouvernement grec à approuver les « principes fondamentaux des opérations de restructuration de la dette souveraine publique » des Nations Unies. L’Assemblée générale des Nations Unies a récemment approuvé les « principes fondamentaux » pour les processus de restructuration de la dette souveraine, afin d’améliorer le système financier mondial ; une initiative qui a trouvé son inspiration dans la crise de la dette argentine. L’initiative des Nations Unies a été approuvée par 136 voix pour, 6 contre et 41 abstentions. La Grèce fait partie des pays qui se sont abstenus, malgré les déclarations initiales du Premier ministre Alexis Tsipras, au cours de son mandat « radical », qui évoquaient « l’audit de la dette », pour ne parler que de « restructuration », après sa deuxième réélection…

La Grèce, qui est pourtant frappée par la crise de la dette, n’a pas signé une déclaration qui, par-delà son caractère symbolique, aurait pu être le début d’une procédure permettant d’aller vers des alliances – même si elles devaient venir d’en haut - pour essayer d’apporter une réponse à la question de la dette. Elle s’en est remise à la bonne volonté de ses créanciers, attendant que cette bonne volonté surgisse (si elle surgit un jour) après que ceux-ci aient réduit en poussière ce qu’il reste des droits sociaux, des droits du travail et des droits à la retraite, qu’ils aient pillé la totalité des richesses nationales de notre pays. (...)