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Grands médias : nous nous refusons à voir l’idéologie d’extrême-droite s’y installer
Par Benjamin Lucas et Dominique Bertinotti
Article mis en ligne le 2 octobre 2019

En donnant un écho démesuré et très complaisant à la « Convention de la droite » organisée autour de figures de l’extrême droite politique, intellectuelle et médiatique française, les principaux médias de notre pays ont affiché un choix clair et brutal.

L’extrême droite ne cesse de progresser partout sur notre planète usant des peurs que suscitent les désordres de la mondialisation et l’accroissement des inégalités, proposant comme seule réponse un repli identitaire.

Elle se trouve confortée par la résignation collective et l’acceptation progressive de l’inacceptable, notamment par une grande partie des élites ; auraient-elles la mémoire si courte qu’elles en viennent à oublier les leçons du passé ; ont-elles oublié la récurrence des attaques antisémites et xénophobes qui faisaient, dans les années 30 la une du journal de l’Action française ou de « Je suis partout » et qui ont plongé la France dans la défaite et la collaboration.

Ce parti pris réactionnaire des médias aujourd’hui, qui affichent sans retenue leur complaisance pour ces idées-là ,leur donnant une visibilité démesurée, qui renoncent à leur devoir de pluralisme et choisissent de privilégier les discours de haine, contribuent à acclimater l’opinion publique à l’inéluctabilité de l’arrivée au pouvoir de cette idéologie mortifère.

C’est l’islamophobie qui constitue le ciment de ce basculement. Cette haine des musulmans a atteint un nouveau stade en étant totalement légitimée dans la sphère médiatique, présentée comme une opinion défendable, commune, banale.

Le drame, ce n’est pas tant le personnage triste et peu enviable d’Eric Zemmour ou ses comparses - chaque époque a connu ses Eric Zemmour - c’est l’audience qu’on entend lui donner. (...)

ne s’agit pas de « polémiques » d’intellectuels ou d’éditorialistes mais de provocations inacceptables de militants politiques racistes visant à structurer le débat public, à imposer leurs mots, leurs concepts et leurs ineptes théories. Il s’agit d’une opération publicitaire des adeptes de l’abjecte théorie du « grand remplacement ».

Ce rassemblement se voulait une "convention de la droite" mais il n’était que la réunion d’une amicale des racistes dont on souhaiterait qu’ils n’aient pas leur rond de serviette sur les plateaux de télévision.

Beaucoup de journalistes se sont émus d’une telle couverture médiatique à travers leurs expressions personnelles et syndicales, soucieux de la démocratie, du pluralisme et de la lutte contre le racisme. Nombre de citoyens se sentent otages d’un débat public accaparé par cette orientation médiatique complaisante avec l’extrême droite, qui réduit les possibilités de débattre autour de solutions politiques alternatives au bloc libéral et au bloc réactionnaire.

Comme eux, avec eux, nous refusons de nous résigner et nous nous indignons de cette situation, conscients de la précarité de la vitalité de notre démocratie et des menaces qui pèsent sur elles. (...)

Nous appelons les citoyennes et les citoyens épris du combat pour les valeurs républicaines et le refus du racisme, de l’antisémitisme, de l’islamophobie et de la haine à maintenir leur vigilance et amplifier leurs protestations contre cette offensive médiatique et politique dangereuse.