
Grand Débat : Macron au pied du mur
4 mars 2019 Adrien
Pas dupes les Gilets jaunes
Ce week-end, c’était l’Acte 16 des Gilets jaunes. J’étais à Lille où la mobilisation était nettement supérieure à celle de la semaine précédente. Tous savent bien l’importance de tenir jusqu’après la fin du Grand débat national de Macron.
En effet, ils savent que ce dernier a tout misé sur le fait qu’à son issue, la contestation populaire aurait disparu et qu’il aurait alors les mains libres pour continuer à dérouler son programme libéral en faisant croire qu’il est le débouché désirable au mouvement qui dure depuis maintenant quatre mois.
Ainsi, dans dix jours, le Grand débat sera terminé. Pas le mouvement des Gilets jaunes. Le Grand débat s’essouffle. Pas le mouvement des Gilets jaunes.
Pourtant, les deux ne jouent pas dans la même catégorie. D’un côté le Grand débat national jouit d’une propagande incroyable. De l’autre, le mouvement des Gilets jaunes subit toutes les accusations et tentatives de diversions pour éviter d’avoir à dire ce qu’il est vraiment, à savoir un grand mouvement populaire pour la justice sociale et fiscale et la refondation de nos institutions.
Malgré ces multiples tentatives de les faire passer pour des anti-écologistes, puis d’extrême-droite, puis violents dans leur ensemble, homophobes, puis pourquoi pas antisémites, ils sont admirables d’abnégation : ils réclament le rétablissement de l’Impôt de solidarité sur la fortune, l’instauration du Référendum d’initiative citoyenne, une révolution fiscale qui permette la meilleure répartition de l’effort entre tous, la hausse des salaires, des pensions et des minimas sociaux et ils n’en démordent pas, parfaits de constance.
Qu’une mobilisation commencée en novembre soit encore dynamique au mois de mars malgré la répression disproportionnée qu’elle subit est bien le signe de la puissante détermination de ses participants.
Dernier épisode en date : les Français en auraient marre des manifestations. C’est le sondage qui tourne en boucle pour accompagner la petite musique macroniste qui exige « le retour au calme ».
Ceux-là nous empêchent de parler de l’essentiel. Pourquoi refusent-ils de continuer à dire la vérité : les Français, qu’ils soient ou non d’accord avec la forme du mouvement des Gilets jaunes et avec les manifestations, sont d’accord sur le fond avec eux. (...)
Sur les stands du Grand débat national aussi, on doute. J’ai eu l’occasion de croiser la semaine dernière en gare un stand de ce type. L’un des jeunes qui y travaillait m’expliquer être dubitatif des questions posées. Vous y aurez en effet le droit de choisir entre baisse des impôts et diminution des services publics. De choisir où vous voulez couper dans la dépense publique alors que le mouvement des Gilets jaunes réclament précisément plus de services publics…
Dans quelques jours, cette grande mascarade sera terminée. Qu’en restera-t-il ? Le président va probablement tenter de réchauffer des pans entiers de son projet présidentiel en faisant croire qu’ils sont les désirs profonds exprimés par les français à l’occasion de cette grande consultation !
Je prends les paris : vous allez voir que par un effet de magie incroyable, les français vont vouloir diminuer de 30% le nombre de parlementaires. Pourquoi les diminuer ? Personne ne le sait. Y-a-t-il trop de parlementaires ? Cela revient à demander s’il y a trop de démocratie. Pourquoi 30% ? Parce que c’est pile poil la proportion que souhaite Macron, comme dans sa réforme constitutionnelle qu’il a du mettre au placard à cause de l’affaire Benalla mais qu’il va ressortir habilement avec le Grand débat !
La fin du Grand débat, la montée en puissance des marches pour le climat selon le slogan désormais en circulation « Fin du monde, fin du mois, mêmes responsables même combat », la détermination des Gilets jaunes en matière de justice sociale et fiscale peuvent aboutir sur une mobilisation massive qui contraigne Macron à céder.
Et dans moins de trois mois, le 26 mai, on vote !