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Le parisien
Glyphosate non autorisé : « Un jugement majeur » pour Corinne Lepage
Article mis en ligne le 17 janvier 2019

En mars 2017, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) avait autorisé la mise sur le marché du Roundup Pro 360, un produit désherbant contenant du glyphosate commercialisé par Monsanto. Une décision annulée, ce mardi, par le tribunal administratif de Lyon, qui a estimé qu’« une erreur d’appréciation au regard du principe de précaution » avait été commise. Corinne Lepage, ancien ministre de l’Écologie, est l’avocate de l’association qui a obtenu cette annulation. (...)

CORINNE LEPAGE. C’est un jugement majeur. Pour la première fois en Europe, un tribunal estime que l’Anses a méconnu le principe de précaution et commis une erreur manifeste d’appréciation en autorisant cet herbicide. La justice lui reproche de ne pas avoir produit d’étude permettant d’établir que le Round Up Pro 360 n’est pas cancérogène, alors même que l’agence européenne de sécurité sanitaire estime que les préparations à base de glyphosate peuvent être cancérogènes.

Est-ce que cela peut changer quelque chose pour d’autres produits contenant du glyphosate ?

Oui. Je peux vous dire que je reçois depuis ce matin des appels de nombreux journalistes européens et même américains qui se demandent si ce jugement ne va pas faire boule de neige. Car cette décision de justice pourrait, de fait, concerner tous les produits Roundup. Je vais d’ailleurs demander, en application du principe de précaution, à ce que le gouvernement prenne position sur tous les produits contenant du glyphosate mis sur le marché en France. (...)

Ce jugement est par ailleurs un énorme coup de tonnerre car il remet en cause le système d’évaluation mis en place par l’agence de sécurité sanitaire (Anses) pour juger de la dangerosité d’un pesticide.

En quoi ce système d’évaluation des produits pose-t-il problème ?

C’est un hasard, mais aujourd’hui même, un rapport rendu par des députés européens a montré que l’agence allemande chargée par l’Europe d’évaluer les risques liés au glyphosate a plagié, sans le dire, des pans entiers de l’argumentaire de Monsanto dans son rapport remis au moment du renouvellement de l’autorisation de cet herbicide. Même à l’Anses, lorsque ces produits sont évalués, l’agence sanitaire ne prend en considération que les études existantes, généralement fournies par les industriels eux-mêmes et qui ne sont même pas rendues publiques.