Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Le parisien
Fukushima : Naoto Kan, le repenti du nucléaire, en tournée en France
11 mars 2018
Article mis en ligne le 14 mars 2018

Il y a sept ans jour pour jour, pendant la catastrophe nucléaire de Fukushima, Naoto Kan était le Premier ministre du Japon. Depuis sa vie et ses convictions ont bien changé. Il vient en France ce lundi pour porter un message.

« Si tout se passe mal, un accident nucléaire a des conséquences bien plus terribles que la plus terrible des guerres », expose Naoto Kan d’une voix calme et posée. La sentence a le poids de l’expérience car celui qui parle était aux commandes lors du désastre nucléaire de Fukushima. C’est l’ancien Premier ministre japonais.

Comme la rock star des mouvements antinucléaires qu’il est devenu depuis 2011, Naoto Kan, aujourd’hui député (Parti démocrate constitutionnel), entame ce lundi une tournée française à l’invitation du réseau Sortir du nucléaire et d’Écho échange (voir ci-dessous). Et comme toutes les stars, l’interviewer n’est pas une mince affaire, encore faut-il négocier auprès d’assistants aussi charmants que zélés qui pèsent scrupuleusement l’importance de votre journal avant de vous accorder le droit à un entretien téléphonique.

Mais au bout du fil, le converti de la cause antinucléaire, âgé de 72 ans, est à la fois affable et sans langue de bois : il évoque son précédent voyage en France, il y a deux ans, il était déjà venu partager sa terrible expérience de Fukushima. « J’ai témoigné dans votre pays, aux Etats-Unis, en Angleterre, au Danemark, en Corée, à Taïwan en Pologne », énumère-t-il. Depuis qu’il a quitté le gouvernement, il a pris son bâton de pèlerin et multiplie les conférences, les rencontres : « Partout je porte le même message, il faut sortir du nucléaire ! » (...)

« Je me suis dégoûté d’avoir eu confiance en nos installations »
Le 11 mars 2011 - il y a sept ans ce dimanche — un violent séisme sous-marin provoque un tsunami qui a son tour conduit à la fusion de trois des six réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi.

Classée avec Tchernobyl comme le pire accident nucléaire de l’histoire (au niveau maximum de l’échelle international INES), Fukushima aura des conséquences sur des générations. Aujourd’hui encore, Naoto Kan se rappelle chaque minute écoulée entre le 11 et le 15 mars, date à laquelle, on a pu dire que le pire était évité. Il les a retracées dans un livre*.

Mais c’est précisément deux semaines après avoir frôlé l’apocalypse qu’il est devenu un autre homme : « J’ai fait un revirement à 180 degrés, raconte-t-il. A vrai dire, je me suis dégoûté d’avoir eu confiance en nos installations nucléaires. » Tout a changé quand sur sa demande le secrétaire de sûreté nucléaire lui a révélé que, selon les simulations, l’accident aurait pu conduire à l’évacuation d’un rayon de 200 km autour de la centrale, y compris l’agglomération de Tokyo. « C’est-à-dire 50 millions d’habitants, c’est-à-dire 40 % de la population. Des habitants qui n’auraient pas pu rentrer chez eux avant 30 à 50 ans », insiste-t-il. Avec la menace d’une désorganisation totale des administrations et même la fin de l’Etat japonais. (...)